La Terre de chez nous

« La glace est cassée »

- PIERRE-YVON BÉGIN

Même si une hirondelle ne fait pas le printemps, le temps doux connu depuis la semaine dernière a suffi pour réveiller les érables. Les acériculte­urs du sud du Québec ont recueilli leurs premières gouttes d’eau d’érable. La saison des sucres 2015 est officielle­ment lancée.

« La glace est cassée et ç’a commencé à couler », confirme le président de la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec, Serge Beaulieu. Installé à Ormstown en Montérégie, la région la plus chaude du Québec qui enregistre habituelle­ment les coulées initiales, celui-ci est particuliè­rement bien placé pour voir apparaître les premières gouttes.

Le mardi 10 mars, alors que le mercure atteignait près de 10 °C dans la région de Montréal, Serge Beaulieu a enregistré une coulée d’environ un demi- gallon à l’entaille. Une bonne journée, une entaille peut produire plus d’un gallon d’eau. La faible quantité récoltée en cette première journée de la saison des sucres 2015 n’était donc pas suffisante pour démarrer l’évaporateu­r. La coulée s’est poursuivie durant la nuit de mardi et la journée de mercredi, de sorte qu’il prévoyait ne faire bouillir que le jeudi.

« Tout est parti en même temps, relate Serge Beaulieu. La première eau n’est pas très sucrée et on la fait généraleme­nt vieillir un peu avant de bouillir. On en profite pour colmater les fuites. On court un peu. »

La récolte 2015 sera-t-elle bonne? Une question à ne pas poser à Serge Beaulieu. Tout dépend de dame Nature et des températur­es. Le froid de l’hiver dernier devrait en principe contribuer « à concentrer le taux de sucre, comme le disaient les anciens ». Mardi, celui-ci atteignait à peine 1,1 degré Brix, un taux normal pour un début de saison. Déjà, il était remonté à 1,8 en soirée.

« Quand le bois est bien gelé, indiquet-il, il y a habituelle­ment plus de dépôts en partant. Il y a aussi pas mal de neige cette année dans le bois, jusqu’aux genoux. Mardi, on défonçait jusqu’au fond. Selon moi, elle va partir vite. »

Au Bas-Saint-Laurent, une forte région productric­e, le temps chaud n’a pas suffi pour entraîner une première coulée. Jeannot Beaulieu, producteur à Biencourt, s’affairait à déceler et à réparer les fuites « pour être top shape » le moment venu. Voilà quelque temps déjà, il s’est assuré du fonctionne­ment de ses pompes.

En raison d’un redoux lors de la 2e semaine de janvier, a-t-il observé, la souche des arbres a été dégarnie. Il a neigé par la suite, mais en très faible quantité. « Ça prendrait une pluie chaude pour faire décoller les érables, pense-t-il. On n’a pas beaucoup de neige au sol, à peine 60 cm [24 po], et on pourrait souffrir de ça un peu. C’est la première année que les chevreuils se promènent dans l’érablière comme en automne. »

« En fin de compte, c’est la températur­e qui va décider », dit-il avec philosophi­e, admettant craindre une petite saison. « Statistiqu­ement parlant, ajoutet-il, on est dû pour deux petites saisons, après six bonnes récoltes d’affilée. »

 ??  ?? Le froid de cet hiver devrait en principe contribuer à concentrer le taux de sucre.
Le froid de cet hiver devrait en principe contribuer à concentrer le taux de sucre.

Newspapers in French

Newspapers from Canada