Exaspérés, les producteurs de la baie Lavallière vont en justice
SOREL-TRACY — Les agriculteurs affectés par les inondations chroniques de la baie Lavallière passent à l’action. Ils s’adressent à la justice pour obtenir des réparations après avoir accusé des pertes importantes depuis 14 ans.
« C’est devenu une tragédie pour les fermes et certains producteurs sont pratiquement en faillite », a résumé le président du syndicat local de l’UPA, Sylvain Joyal. En conférence de presse mardi dernier à Sorel-Tracy, il a fait valoir que le barrage construit dans les années 1980 pour améliorer les habitats fauniques a causé « un désastre agricole sur des terres extrêmement fertiles ». La construction de l’ouvrage, déplore-t-il, n’a été dotée d’aucun protocole d’entretien.
Un rapport d’étape commandé à une firme de spécialistes en hydrologie et en milieu aquatique confirme d’ailleurs les pires appréhensions. Les divers représentants de l’Union des producteurs agricoles (UPA) réclament ainsi la destruction immédiate du barrage, l’entretien des cours d’eau et le versement de compensations aux producteurs pour les pertes subies jusqu’à maintenant. « Ce n’est plus tenable », a affirmé Christian St-Jacques, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie. Après 14 années de stress, ajoute-t-il, les producteurs demeurent dans l’incertitude, ne sachant jamais s’ils pourront effectuer leurs semis à temps ou engranger leur récolte. Martin Caron, 2e vice-président de l’UPA, qualifie la situation d’inacceptable. Il dénonce vivement le fait que les agriculteurs soient privés de leur outil premier, « la terre ». Après 14 ans de patience, précise-t-il, les agriculteurs en ont ras le bol et veulent maintenant démontrer leur sérieux en ayant recours à des procédures judiciaires.
« Le gouvernement aura maintenant l’odieux de la fermeture des entreprises agricoles », avance-t-il, notant que l’absence de plan d’entretien constitue une pratique trop répandue au Québec.
Le producteur de sirop d’érable et de sapins de Noël Georges Dutil indique que 10 000 érables sont « morts debout ». Après avoir consulté un expert, il prévoit qu’un million d’arbres subiront ce triste sort si rien n’est fait.
« Nos arbres souffrent d’un stress hydrique », a-t-il rapporté en montrant la coupe détériorée d’un érable.
Le producteur laitier Yves Champagne confirme l’ampleur du problème, même pour des agriculteurs très éloignés du barrage. Ses 400 acres en culture, bien drainés, sont pourtant les plus hauts de la région.
« J’ai investi des milliers de dollars pour drainer mes terres, mais les cours d’eau ne se vident pas », déclare-t-il.