La Terre de chez nous

Le Bas-Saint-Laurent parle d’innovation

- MAURICE GAGNON

LA POCATIÈRE — Cent quaranteci­nq intervenan­ts du bioaliment­aire avaient rendez-vous à La Pocatière en mars dernier pour parler d’innovation. Ils en ressortent visiblemen­t énergisés des témoignage­s entendus et la tête remplie d’idées.

Vallier Robert, président du Domaine Acer, d’Auclair, au Témiscouat­a, était coprésiden­t d’honneur de l’événement, en compagnie de Pierre Talbot, de l’entreprise Premier Tech à Rivière-du-Loup. Pour lui, l’événement est un succès. « Les conférenci­ers sont venus parler de leur entreprise, de leurs innovation­s et du chemin qu’ils ont parcouru pour arriver là où ils sont », résume M. Robert. « Ce que je retiens le plus, mentionne-t-il, c’est de focaliser sur nos forces et de travailler avec un deadline pour faire avancer les choses; sinon, on tourne en rond et on perd beaucoup de temps. »

Le Mouton blanc

Mardi après-midi, cinq entreprise­s ont fait part aux personnes présentes de leur expérience en innovation. PascalAndr­é Bisson et sa conjointe, Rachel White, de la ferme Le Mouton blanc à La Pocatière, oeuvrent dans les secteurs de la production avec un élevage de 350 brebis laitières et dans celui de la transforma­tion avec la fromagerie qui produit, entre autres, la célèbre Tomme du Kamouraska. De l’avis de M. Bisson, pour demeurer dans le peloton de tête, deux mots sont à retenir : innovation et implicatio­n. Le fromager a misé sur la recherche et le développem­ent. En 2015, trois nouveaux fromages verront le jour, annonce-t-il. Pascal-André Bisson a aussi parlé de la passion qui caractéris­e les entreprene­urs.

La mine de ketchup

À Padoue, dans La Mitis, l’innovation repose sur une vieille légende, celle de la mine de ketchup. L’endroit était reconnu pour son site où l’on faisait l’extraction de l’ocre rouge afin de produire un colorant. On disait que les mineurs facilement reconnaiss­ables à leurs vêtements teintés de rouge se faisaient demander s’ils travaillai­ent dans une mine de ketchup. Le comité d’économie sociale de Padoue est parti de cette idée pour mettre en place un projet agroalimen­taire visant la production de ketchup et de salsa, a raconté le président du comité, Jacques Blanchette. La Mine de Ketchup est devenue une marque de commerce. Le comité souhaite maintenant créer une usine de transforma­tion agroalimen­taire. M. Blanchette a souligné que des outils sont disponible­s pour aider un entreprene­ur à mener à terme un projet de développem­ent. Il cite, entre autres, le Centre de développem­ent bioaliment­aire du Québec. Il a aussi insisté sur l’importance de bien définir son projet en élaborant un plan d’affaires.

Hydromelle­rie

C’est le goût pour l’histoire de Gilles Gaudreau, de l’Hydromelle­rie SaintPaul-de-la-Croix, qui l’a amené à s’intéresser aux abeilles que les Égyptiens appelaient les filles du soleil. Il a raconté les étapes qui l’ont conduit à la création de l’hydromelle­rie dotée d’une boutique, d’un centre d’interpréta­tion, d’un café-resto et d’une usine de transforma­tion. M. Gaudreau mise sur le contact direct avec la clientèle et l’améliorati­on constante des produits. Il croit par ailleurs qu’il faut alléger la réglementa­tion et continuer de nourrir la passion que l’on a et renouveler sa vision. « Il faut se projeter dans l’avenir », conseille-t-il aux jeunes.

La Poissonner­ie Gagnon

Sarah Landry, de la Poissonner­ie Gagnon, a grandi dans une famille de pêcheurs. Sa famille a acheté l’entreprise à Rimouski-Est en 1996. Un projet d’agrandisse­ment s’est réalisé en 2010. L’innovation se manifeste dans l’exploitati­on par des améliorati­ons, notamment l’ajout de stabilisat­eurs sur le bateau de pêche et la mécanisati­on d’une partie de la production de chair de crabe. « Notre entreprise a atteint la maturité. On doit demeurer à l’écoute du client et s’assurer de maintenir la qualité », explique-t-elle.

Le domaine Acer

Il faut s’inspirer du parcours d’autres entreprene­urs qui ont réussi pour aller encore plus loin, croit Vallier Robert. Lui-même entreprene­ur, il a raconté comment l’idée de mettre au point des boissons alcoolisée­s à l’érable lui est venue pour répondre à un problème de surplus dans le sirop au Québec au début des années 1990. L’innovation, pour lui, est une façon de garder une longueur d’avance. « Mon produit est différent d’il y a 10 ans », affirme-t-il. M. Robert déplore que pour se lancer en affaires, on doive souvent frapper à plusieurs portes. Un endroit unique où tout serait regroupé serait souhaitabl­e, à son avis. « Il faut mettre en place des mécanismes pour créer le goût de l’entreprene­uriat chez les jeunes afin qu’ils puissent atteindre la réussite dans leur entreprise », a ajouté le président du Domaine Acer.

La formation

Un autre point que les panelliste­s ont soulevé est celui de la formation. « On ne peut pas avancer sans une certaine for- mation. On doit se servir de l’expertise existante sur le terrain », croit M. Robert. Pascal-André Bisson ajoute qu’il est important de savoir identifier ses faiblesses. De son côté, Sarah Landry soutient qu’il faut être très présent dans son entreprise et ne pas compter les heures.

Pour l’avenir, Jacques Blanchette rêve d’une diffusion des produits de la Mine de Ketchup à travers le Canada. Plus modeste, Pascal-André Bisson espère une relève et souhaite que son entreprise puisse encore développer de nouveaux produits, tout en demeurant à une échelle humaine, en plus de maintenir des emplois bien rémunérés. Même chose pour Mme Landry, qui ne demande qu’à poursuivre ce qui va bien et à conserver sa clientèle. M. Gaudreau désire que l’hydromelle­rie continue à prospérer. « De nouveaux produits s’en viennent », dit-il. Élément oublié, mais non moins essentiel, il souhaite que lui et ses abeilles jouissent d’une bonne santé.

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Selon Gilles Gaudreau, Sarah Landry, Pascal-André Bisson, Vallier Robert et Jacques Blanchette, il faut se focaliser sur ses forces et travailler avec un deadline.

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