Fermes québécoises : portrait d’une métamorphose
Le visage des entreprises agricoles a considérablement changé depuis les dernières décennies. Le Québec compte plus de fermes de petite taille tandis que les plus grosses, moins nombreuses, ont pris de l’expansion.
« On constate une polarisation des modèles de fermes », a indiqué en conférence la directrice du développement des études économiques du Groupe AGÉCO, Catherine Brodeur. Lors du colloque sur l’établissement organisé par le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ), elle a expliqué que 5 % des plus grosses entreprises génèrent 44 % des revenus agricoles, alors qu’à l’inverse, 42 % des plus petites produisent 3 % des revenus.
Catherine Brodeur a également mentionné que la structure des fermes a énormément évolué. « Plus l’entreprise est grosse, plus sa forme juridique est complexe. » Les fermes dont le revenu est inférieur à 50 000 $ sont majoritairement détenues par des propriétaires uniques, alors que celles dont le revenu excède
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1 M$ appartiennent pour la plupart à des compagnies familiales.
De nouveaux secteurs de production
Le portrait des secteurs de production dans la province s’est également modifié au cours des 40 dernières années. En 1971, 57 % des fermes au Québec produisaient du lait. Les secteurs traditionnels tels que le lait, les oeufs, la volaille et le porc représentaient 75 % de la production. « Quarante ans plus tard, le portrait a changé de façon quand même assez radicale, a noté Catherine Brodeur. La proportion des entreprises qui produisent du lait
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a baissé à 20 %, alors que les autres secteurs ont gardé leur importance dans l’agriculture québécoise. » Toutefois, le secteur laitier a perdu 82 % de ses fermes, la volaille 62 % et le porc 47 %. Durant cette période, le nombre d’entreprises agricoles est également passé de 60 000 à moins de 30 000.
Catherine Brodeur a aussi fait remarquer qu’il y a eu une spécialisation de plusieurs entreprises en grandes cultures. Lors du recensement de l’agriculture en 2011, 13 % des fermes québécoises tiraient la majorité de leur revenu de la production de céréales et d’oléagineux, contrairement à 1 % en 1971. « L’agriculture s’est diversifiée, a-t-elle mentionné. Il y a un foisonnement d’entreprises dans des secteurs qui n’existaient pas ou qui étaient moins importants il y a 40 ans. »
Autre constat, les fermes qui possédaient plusieurs productions dans les années 1970 se sont spécialisées aujourd’hui. « Le pourcentage d’entreprises qui tirent des revenus d’un seul secteur a augmenté », a observé la directrice du développement des études économiques du Groupe AGÉCO.