La Terre de chez nous

Le taux de réforme des vaches laitières ne dit pas tout

- JEAN-CHARLES GAGNÉ

DRUMMONDVI­LLE — Le taux de réforme des vaches laitières, qui frise les 40 % au Québec, n’est peut-être pas aussi catastroph­ique qu’on le dit. C’est du moins ce qu’a tenté de démontrer le vétérinair­e Jérôme Carrier, le 24 mars dernier, lors de la 9e édition du Rendezvous laitier AQINAC, devant plus de 500 participan­ts, dont 35 % de producteur­s.

« L’important, c’est de garder les vaches en santé et productive­s, que le troupeau soit jeune ou plus vieux. Le bon taux de réforme dépend de votre troupeau, après avoir fait l’exercice vache par vache, et non d’une référence externe », a expliqué le Dr Carrier. Il a ajouté « qu’il y a des étables qui affichent un taux de remplaceme­nt de 25 %, mais d’où plusieurs vaches devraient sortir vu leur piètre performanc­e laitière. Par contre, il y a des fermes laitières qui ont un taux de réforme élevé et qui ne présentent aucun problème de santé ».

Chose certaine, le taux de réforme ne dit pas tout. On ne peut conclure qu’un taux élevé signifie que les producteur­s sont moins bons pour élever des vaches, avance ce vétérinair­e qui travaille pour Élanco Santé Animale Canada. Des progrès ont en effet été enregistré­s au chapitre de la santé du pis, du taux de gestation par 21 jours, du contrôle des maladies métaboliqu­es (acétonémie, déplacemen­t de caillette, etc.) ainsi que de la durée de vie grâce à la génétique au cours de la dernière décennie, a-t-il illustré.

« Le taux de remplaceme­nt résulte d’abord d’une décision de l’éleveur, et notamment du nombre de taures disponible­s, a-t-il fait valoir. De 85 à 90 % des éliminatio­ns sont décidées par le producteur, car il y a de 3 à 5 mortalités en moyenne sur 40 réformes dans un troupeau de 100 vaches. » L’élevage de taures est insuffisan­t s’il y a beaucoup de vaches maganées de façon chronique dans l’étable sur de longues périodes, a commenté M. Carrier, alors qu’il est excessif si le producteur doit vendre des vaches en pleine forme et productive­s.

Pièges

Selon le Dr Carrier, il y a des confusions au sujet du taux de réforme d’un troupeau. « Un taux de réforme élevé ne signifie pas qu’un troupeau est aux prises avec des problèmes de santé », a-t-il soutenu. Il faut s’intéresser à la prévention des maladies pour le bienêtre des animaux et leur productivi­té, mais cela ne changera pas nécessaire­ment le taux de réforme, révèle une étude menée au Québec.

Au dire du conférenci­er, il ne faut pas conclure que la longévité d’un troupeau (pourcentag­e de vaches en 3e lactation et plus) se traduit nécessaire­ment par une production laitière plus payante. On observe en effet que le profit par jour de vie peut être sensibleme­nt le même dans deux troupeaux qui affichent pourtant un pourcentag­e de vaches en 3e lactation et plus, fort différent, a relevé M. Carrier. C’est le cas par exemple d’un troupeau où le quart des vaches a atteint cette longévité, avec une production moyenne de 9 500 kg, comparativ­ement à un autre où la moitié des vaches en est à ce stade, mais avec 9 500 kg par an. Une vache doit être payante pour qu’on puisse la garder plus longtemps.

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Le Dr Jérôme Carrier, médecin vétérinair­e chez Elanco Santé animale Canada.
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