La Terre de chez nous

Printemps tardif : rappelons-nous les règles de base

- MARTIN MÉNARD

Le printemps tardif ou le sol profondéme­nt gelé, comme au LacSaint-Jean, accroît le niveau de stress des producteur­s de cultures commercial­es. Certains tapent du pied et ont hâte d’amorcer les travaux. Il faut garder la tête froide, comme le rappellent ces quelques conseils…

Le vrai calendrier :

le thermomètr­e

Il faut évaluer les conditions et résister à l’envie de semer trop vite. Les cultures de soya et de maïs nécessiten­t un sol assez chaud pour assurer une germinatio­n uniforme et une émergence rapide.

« Avant de semer, il faut vraiment mesurer la températur­e du sol à 8 cm de profondeur avec un thermomètr­e ou un lecteur infrarouge. Le maïs a besoin de 10 à 12 °C pour bien performer. Un sol trop frais accroîtra les risques de pourriture des semences, de maladies des racines, de problèmes fongiques, bref, de pertes de rendement », explique l’agronome Vincent Tétreault, de Bayer CropScienc­e.

Ni trop froid, ni trop humide, le maïs!

Semer à la hâte dans un champ encore humide peut créer de graves problèmes de compaction, mais aussi de lissage. « Dans un sol humide, le passage du planteur compacte la paroi du sillon, ce qui nuit à l’émergence du maïs. Les huit premiers centimètre­s doivent être bien essorés avant d’amorcer les semis. C’est la même chose pour la préparatio­n du terrain, car trop d’humidité entraînera la création de mottes par la herse et ainsi, un mauvais contact semence-sol », souligne pour sa part Vincent Chifflot, agronome à Dekalb. Il précise que le maïs doit atteindre un taux d’humidité de 30 à 35 % pour germer. Or, si la semence absorbe de l’eau trop froide une fois en terre, il en résulte un désordre de croissance et de germinatio­n.

« Du maïs qui émerge en tireboucho­n, vous avez déjà vu ça? C’est signe d’un producteur qui a trop forcé ses semis dans des conditions froides et trop humides. La culture mourra ou connaîtra des problèmes », assure-t-il.

Le soya encore plus douillet

Du soya semé dans des conditions froides, voilà une mauvaise idée. « Le soya doit absorber environ 50 % de son poids en eau pour germer. Il est donc plus sensible aux effets d’un sol froid et humide. Il nécessite une températur­e de 12 à 14 °C à 8 cm de profondeur », explique Vincent Chifflot.

Profiter des fenêtres de semis

Les conditions et les dates de semis ont une incidence sur le rendement. « Nous avons réalisé des essais durant trois ans et le soya profite réellement d’une saison allongée par un semis hâtif [début de mai au lieu du début de juin]. C’est en allant chercher des petits pourcentag­es de gains qu’on accroît ses revenus », fait remarquer Vincent Tétreault.

Même son de cloche du côté de M. Chifflot. « En théorie, il faut attendre que le sol atteigne 10 °C pour le maïs, mais parfois, nous n’avons qu’une dizaine de journées en mai où la météo est assez clémente pour semer. Dans ce genre de conditions, c’est préférable de passer à l’action même si le sol est à 8 °C, plutôt que manquer une rare fenêtre de semis », nuance-t-il.

 ??  ?? Le printemps tardif impose un stress supplément­aire aux producteur­s de grains. Ils doivent prendre les bonnes décisions pour tirer leur épingle du jeu.
Le printemps tardif impose un stress supplément­aire aux producteur­s de grains. Ils doivent prendre les bonnes décisions pour tirer leur épingle du jeu.

Newspapers in French

Newspapers from Canada