Printemps tardif : rappelons-nous les règles de base
Le printemps tardif ou le sol profondément gelé, comme au LacSaint-Jean, accroît le niveau de stress des producteurs de cultures commerciales. Certains tapent du pied et ont hâte d’amorcer les travaux. Il faut garder la tête froide, comme le rappellent ces quelques conseils…
Le vrai calendrier :
le thermomètre
Il faut évaluer les conditions et résister à l’envie de semer trop vite. Les cultures de soya et de maïs nécessitent un sol assez chaud pour assurer une germination uniforme et une émergence rapide.
« Avant de semer, il faut vraiment mesurer la température du sol à 8 cm de profondeur avec un thermomètre ou un lecteur infrarouge. Le maïs a besoin de 10 à 12 °C pour bien performer. Un sol trop frais accroîtra les risques de pourriture des semences, de maladies des racines, de problèmes fongiques, bref, de pertes de rendement », explique l’agronome Vincent Tétreault, de Bayer CropScience.
Ni trop froid, ni trop humide, le maïs!
Semer à la hâte dans un champ encore humide peut créer de graves problèmes de compaction, mais aussi de lissage. « Dans un sol humide, le passage du planteur compacte la paroi du sillon, ce qui nuit à l’émergence du maïs. Les huit premiers centimètres doivent être bien essorés avant d’amorcer les semis. C’est la même chose pour la préparation du terrain, car trop d’humidité entraînera la création de mottes par la herse et ainsi, un mauvais contact semence-sol », souligne pour sa part Vincent Chifflot, agronome à Dekalb. Il précise que le maïs doit atteindre un taux d’humidité de 30 à 35 % pour germer. Or, si la semence absorbe de l’eau trop froide une fois en terre, il en résulte un désordre de croissance et de germination.
« Du maïs qui émerge en tirebouchon, vous avez déjà vu ça? C’est signe d’un producteur qui a trop forcé ses semis dans des conditions froides et trop humides. La culture mourra ou connaîtra des problèmes », assure-t-il.
Le soya encore plus douillet
Du soya semé dans des conditions froides, voilà une mauvaise idée. « Le soya doit absorber environ 50 % de son poids en eau pour germer. Il est donc plus sensible aux effets d’un sol froid et humide. Il nécessite une température de 12 à 14 °C à 8 cm de profondeur », explique Vincent Chifflot.
Profiter des fenêtres de semis
Les conditions et les dates de semis ont une incidence sur le rendement. « Nous avons réalisé des essais durant trois ans et le soya profite réellement d’une saison allongée par un semis hâtif [début de mai au lieu du début de juin]. C’est en allant chercher des petits pourcentages de gains qu’on accroît ses revenus », fait remarquer Vincent Tétreault.
Même son de cloche du côté de M. Chifflot. « En théorie, il faut attendre que le sol atteigne 10 °C pour le maïs, mais parfois, nous n’avons qu’une dizaine de journées en mai où la météo est assez clémente pour semer. Dans ce genre de conditions, c’est préférable de passer à l’action même si le sol est à 8 °C, plutôt que manquer une rare fenêtre de semis », nuance-t-il.