Services-conseils : des enjeux, et des décisions à prendre
SHAWINIGAN – L’industrie des services-conseils doit se montrer davantage à l’écoute des besoins des producteurs agricoles, qui sont ses clients, affirme Johanne van Rossum, présidente des Groupes conseils agricoles du Québec (GCAQ).
« Nous sommes à la croisée des chemins, précise-t-elle. Le contexte économique change et le financement des services est incertain. Il faut s’adapter. »
« Les producteurs ont des besoins précis et il faut leur livrer les services en fonction de leurs attentes », ajoute-t-elle.
Et le temps presse de trouver des solutions pour répondre aux besoins de plus en plus pointus des producteurs agricoles, qui conviennent qu’ils ont besoin de l’expertise des spécialistes des servicesconseils pour améliorer leurs pratiques.
Favoriser la compétitivité
Toutefois, sur le terrain, ils sont nombreux à se demander ce qu’il adviendra du Programme services-conseils (PSC), qui a pour but de « favoriser la compétitivité et la pérennité des entreprises agricoles et agroalimentaires ».
Ce programme sur 5 ans doté d’une enveloppe de 20 M$ par année expirera le 31 mars 2018. Ce montant est distribué à parts égales entre les servicesconseils en agroenvironnement et les services-conseils en gestion.
« C’est l’inconnu, convient Johanne van Rossum. On ignore si ces montants seront reconduits ou s’ils seront distribués sous une autre forme. Il faut néanmoins commencer à se préparer et à élaborer nos stratégies en conséquence. »
Structures
Mais il n’y a pas que cela. La question est aussi de savoir si les structures en place pour dispenser les servicesconseils font l’affaire des producteurs.
Le sujet a occupé une large place, la semaine dernière, dans les ateliers de discussions lors du Congrès 2015 des GCAQ. Il a été beaucoup question de l’approche client ainsi que de la relation à maintenir entre le producteur et le conseiller en gestion et en agroenvironnement.
Pour sa part, Bernard Isabey, producteur céréalier à Saint-Mathias-surRichelieu, s’est demandé s’il ne vaudrait pas mieux regrouper les deux organisations au Québec qui offrent des servicesconseils « pour réduire nos coûts ».
Il faisait allusion aux GCAQ et au Groupe Uniconseils, soutenu par l’Union des producteurs agricoles (UPA).
« Il serait souhaitable qu’il y ait une seule organisation provinciale, qui serait en quelque sorte un guichet unique pour acheminer toutes nos demandes », a-t-il avancé.
« Nous avons besoin de l’aide des conseillers en gestion et en agroenvironnement pour être meilleurs », a insisté le producteur d’origine française, qui vit au Québec depuis 35 ans.
C’est ce que croit également le producteur Ghislain Pion, président du Groupe Uniconseils.
« Ça prend une organisation unique, a-t-il confié à la Terre, en marge du Congrès annuel, à Shawinigan. Je pense même qu’on peut réussir à s’entendre [avec les GCAQ]. Si on veut développer une agriculture forte, on a intérêt à regrouper nos forces. »
Mais comment pourrait-on en arriver à un tel « mariage de raison »?
Là-dessus, les opinions divergent et, de part et d’autre, on ne semble pas avoir réussi à établir clairement la forme et le contenu de l’organisation.
Chose certaine, les producteurs à qui la Terre a posé la question, en marge du Congrès, ont dit souhaiter une « forme de cohabitation » qui permettrait aux deux organisations de mieux cheminer.
Claudine Lussier, directrice générale des Groupes conseils, ne cache pas que les enjeux sont majeurs dans ce secteur d’activité.
« Si on veut avancer, ça prend une volonté d’agir de part et d’autre », a-t-elle soulevé.