La bactérie Salmonella Dublin progresse au Québec
Autrefois préservé de la Salmonella Dublin, le Québec doit désormais composer avec cette maladie répertoriée dans des élevages de veaux et des troupeaux de vaches laitières. Encore marginale, cette bactérie a toutefois progressé depuis mai 2011, date du premier cas diagnostiqué au Québec dans un arrivage de veaux provenant des ÉtatsUnis où cette maladie est endémique. Des données obtenues du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) révèlent que le nombre d’élevages contaminés par cette bactérie est passé de 4 en 2011 à 65 en date du 26 mars 2015.
Les veaux lourds, de lait et de grain, sont les plus affectés avec 80 % des élevages répertoriés, situés principalement en Montérégie et dans le Centredu-Québec. Les neuf cheptels laitiers contaminés en 2014-2015 se situent dans les régions de Chaudière-Appalaches, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, en Montérégie et au Centre-du-Québec. Sept d’entre eux ont été diagnostiqués en 2015 seulement dans les laboratoires du MAPAQ. Un élevage de bouvillons d’engrais fait aussi partie du décompte.
Aucun vaccin n’est disponible au Québec contre de telles infections. L’éradication semble par ailleurs utopique, le Danemark ayant tenté d’y arriver depuis plusieurs années, sans succès.
C’est dans ce contexte que les producteurs de lait de la Montérégie-Est ont demandé à leur syndicat provincial, Les Producteurs de lait du Québec, de mettre en place un protocole de biosécurité restreignant l’accès aux bâtiments d’élevage, lors de leur assemblée générale annuelle, le 10 mars dernier.
Attention au lait cru
L’infection d’un troupeau engendre des pertes économiques découlant de la mortalité chez les veaux, surtout ceux de moins de trois mois, plus sensibles que les adultes. Le taux de mortalité varie beaucoup d’un élevage à l’autre compte tenu de la régie du troupeau, du système immunitaire des animaux et de leur alimentation. La bactérie se retrouve principalement dans les fèces des animaux, mais peut aussi être présente dans le lait, la salive et l’urine des bovins. Les bovins peuvent rester porteurs même sans signes cliniques (problèmes à respirer, fièvre, faiblesse, diarrhée sanguinolente).
Comme les autres types de salmonelles, Salmonella Dublin peut être transmise à l’humain principalement par la consommation de lait cru. Le lait des fermes laitières visées est donc dirigé directement vers la pasteurisation. La contamination est aussi possible par de la viande insuffisamment cuite ainsi que des contacts directs et indirects avec des animaux malades. La bactérie ne résiste pas à la pasteurisation et à la cuisson.
Le MAPAQ recommande aux éleveurs de restreindre l’accès à leurs bâtiments, de fournir des bottes jetables aux visiteurs, de porter une grande attention aux achats d’animaux et de nettoyer et désinfecter le matériel tel que bottes, pelles, etc. Les producteurs, des médecins vétérinaires et l’industrie collaborent afin de contrôler la maladie au sein d’un élevage et d’éviter sa propagation à d’autres.