Prix des bovins : que réserve l’avenir?
Baissera, baissera pas, le prix des bovins? La plupart des analystes font preuve d’un optimisme prudent.
Jean-Philippe Gervais, économiste en chef à Financement agricole Canada, a servi aux producteurs bovins du Québec réunis en assemblée annuelle une mise à jour économique de leur secteur de production. Au cours des derniers mois, les prix des bovins ont bondi de record en record. Pour les éleveurs de bouvillons d’abattage, la vigueur passée du maïs a toutefois fait augmenter les coûts de production. « La marge de profit reste assez sensible », a fait valoir M. Gervais.
À l’heure actuelle, plusieurs moteurs alimentent la croissance. La demande, tant intérieure qu’extérieure, demeure forte. En Chine, la montée de la classe moyenne est synonyme de bonnes affaires pour les exportateurs canadiens. L’abondante récolte de maïs en 2014 a tiré vers le bas le coût de l’alimentation. « Pour 2015, il y a peu de risques que le maïs bouge beaucoup, a indiqué l’économiste. Pour ce qui est du soya, l’augmentation spectaculaire de la production laisse présager une baisse des prix plus marquée. »
Pour les prochains mois, les éleveurs doivent néanmoins demeurer aux aguets. En 2015, le prix du porc a amorcé une descente pour atteindre son plus bas niveau en cinq ans. Pour l’instant, le cours des bovins se maintient, mais historiquement, les prix à la ferme de ces deux productions sont fortement corrélés, a expliqué JeanPhilippe Gervais. « Il faut être réaliste face au prix du boeuf. Il faut s’attendre à ce qu’il commence à tomber légèrement », a-t-il prédit. Même si les perspectives sont positives, l’efficacité compte énormément, a insisté l’agroéconomiste. Ce dernier y est allé de quelques prédictions concernant les taux d’intérêt, qui devraient demeurer bas en 2015. « Il n’y a pas de certitude, mais je crois qu’il y aurait une autre baisse. Le dollar pourrait descendre à environ 0,75 $ en 2015 », a conclu Jean-Philippe Gervais.
Aux États-Unis
Scott Brown, agroéconomiste à l’Université du Missouri, estime que les niveaux actuels du prix des bovins devraient se maintenir jusqu’à la moitié de 2016, avant de redescendre vers la fin de l’année, a-t-il précisé lors de la Monett Beef Cattlemen’s Conference. La tendance baissière devrait se poursuivre jusqu’en 2020. Les volumes d’exportations, la demande intérieure et les conditions météorologiques doivent être pris en considération, estime l’agroéconomiste. La force actuelle du dollar américain nuit aux exportations de viande bovine. Le Canada vit toutefois la situation inverse, puisque la faiblesse de sa devise avantage ses ventes de boeuf sur le marché mondial. Pour Scott Brown, les éleveurs doivent accorder la priorité à la gestion du risque afin de se préparer pour une éventuelle période de bas prix.