Des propos menaçants de Denis Lebel
Le lieutenant de Stephen Harper au Québec, Denis Lebel, affirme qu’en cas de pertes liées au Partenariat transpacifique (PTP), les producteurs sous gestion de l’offre seront compensés par son gouvernement.
Depuis des années, le gouvernement conservateur assure défendre la gestion de l’offre lors des négociations de libre-échange, telles que le PTP. Or, pour la première fois, un de leurs élus admet que la gestion de l’offre pourrait perdre des plumes dans le cadre du PTP. Le ministre de l’Infrastructure, des Collectivités et des Affaires intergouvernementales a fait cette déclaration fracassante lors d’une rencontre non officielle avec une dizaine de producteurs de lait du Saguenay– Lac-Saint-Jean. Pierre Girard était de la partie.
« M. Lebel n’a pas été capable de nous dire que la gestion de l’offre n’était pas négociable. La gestion de l’offre est “au batte” », affirme l’agriculteur de La Baie. Denis Lebel a de plus indiqué à plusieurs reprises « qu’en cas de pertes, il y aurait des compensations ». « On ne veut pas entendre parler de compensation. On veut entendre parler de défendre notre système, qui ne coûte rien au gouvernement », martèle M. Girard.
Son confrère, Pierre Turcotte, participait aussi à la rencontre. « Denis a été bien franc avec nous, mais c’est un discours qu’on n’aime pas entendre. Ça fait 35 ans que je vois des crises, et celle-là, c’est une majeure », avoue l’agriculteur inquiet.
Double discours
Quelques jours plus tôt, le ministre d’État à l’Agriculture, Maxime Bernier, se faisait pourtant rassurant. « On va préserver les trois piliers de la gestion de l’offre […]. C’est ce qu’on s’engage à défendre dans le cadre des négociations comme on l’a fait dans le passé », affirmait-il en entrevue à la Terre. Ces trois piliers sont le contrôle de la production, des prix et des importations.
« Ces négociations-là seront conclues dans le meilleur intérêt de l’ensemble des joueurs, dont les gens de l’agriculture, parce que c’est important de signer cette entente-là », ajoutait Maxime Bernier. D’un océan à l’autre, le secteur agricole voit d’un oeil différent le PTP. Les producteurs exportateurs de céréales et de boeuf de l’Ouest de même que les éleveurs de porcs perçoivent cet éventuel accord comme une opportunité. Les producteurs sous gestion de l’offre, concentrés davantage dans l’est du pays, le considèrent comme une menace.
Tout récemment, la promesse du Canada de protéger les trois piliers ne l’a pas empêché d’ouvrir son marché à 17 700 tonnes supplémentaires de fromages européens en vertu de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne. M. Bernier estime d’ailleurs que cet accord a permis de préserver la gestion de l’offre. « Oui, puisqu’en ce qui concerne les producteurs laitiers, ils ont toujours le contrôle de la production et la fixation des prix et le gouvernement a toujours le contrôle des importations. »