Un agriculteur risque l’expropriation pour laisser place à une gare
MIRABEL — Le producteur laitier André Lapointe risque l’expropriation d’une partie de sa terre s’il n’en négocie pas la vente avec la Ville de Mirabel, en vue de l’aménagement d’une gare ferroviaire.
« Une terre agricole, c’est sacré, raget-il. Ça nourrit le monde. Je trouve bien dommage de scraper ça pour une gare quand il y a de la place en zone blanche », dit celui qui vient de recevoir une missive de la municipalité.
Le projet d’une gare pour desservir le train de banlieue dans cette municipalité des Laurentides est dans les cartons depuis 2006. En septembre 2013, le ministre des Transports du Québec mandatait l’Agence métropolitaine de transport (AMT) pour trouver un terrain en zone urbaine afin d’y implanter une gare. Quelques semaines auparavant, la Commission de protection du territoire agricole du Québec concluait que l’option privilégiée par Mirabel risquait d’entraîner, à terme, la disparition de l’agriculture dans ce secteur. La Commission soulignait, en outre, que des emplacements existaient en zone urbaine.
Richard Maheu, président de la Fédération de l’UPA d’OutaouaisLaurentides, est lui aussi en furie. Pourtant, il avait presque vu d’un bon oeil la construction récente d’une garderie à proximité du terrain où il croit que devrait être aménagée la future gare, « une simple billetterie » à ses yeux. Les parents auraient pu déposer leurs enfants à la garderie avant de prendre le train de banlieue pour Montréal.
« C’est quasiment de la mauvaise foi. La Ville aurait pu mettre les terrains en réserve. Ils sont allés foutre une garderie l’an passé. L’UPA est en faveur du transport en commun », dit-il.
« Le terrain pour le stationnement et la billetterie est plus grand en zone blanche sur la rue Charles (4,7 ha) que celui en zone agricole sur la rue Victor (3,2 ha). La rue Victor est un chemin de vaches, très étroit. Imaginez les contraintes des agriculteurs à se promener là avec de la machinerie si on y installe une gare. »
Richard Maheu s’étonne en outre d’un élément de la lettre envoyée à André Lapointe par la Ville où il est mentionné que le site de la rue Victor a été retenu à la suite d’échanges entre le maire et les autorités compétentes.
« Les autorités compétentes? C’est clair qu’elles n’ont pas donné leur autorisation », estime M. Maheu.
André Lapointe, quant à lui, ne peut pas vraiment s’opposer à la volonté de la Ville d’acheter une partie de sa terre. En 2013, il a perdu en justice la contestation d’expropriation qu’il avait déposée.
Du côté de l’AMT, la porte-parole Fannie St-Pierre affirme qu’il revient maintenant aux partenaires du milieu de faire consensus.