L’Afrique : un paradis pour les investisseurs
L’Afrique possède 50 % des terres arables de la planète et 90 % des terres agricoles non encore exploitées. « L’Afrique est la meilleure place pour investir et pour faire de l’argent, a signalé Calestous Juma, professeur à la Harvard Kennedy Scholl, de Cambridge, aux quelque 450 participants aux Perspectives 2015, tenues récemment à Drummondville sous l’égide du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ). L’Afrique est le continent où l’on observe la croissance du Produit intérieur brut (PIB) la plus élevée au monde », a poursuivi le conférencier.
L’heure est d’autant plus favorable que les présidents d’une dizaine d’États de ce continent, trois fois plus grand que les États-Unis, ont changé leur perception de l’agriculture au cours de la dernière décennie.
« Ils y voient non seulement une avenue pour satisfaire les besoins alimentaires de leur population, mais aussi un levier de développement économique global et un moyen de réduire l’écart entre les riches et les pauvres », a signalé le conférencier. L’agroalimentaire fait désormais partie de leur vision de ce secteur économique ainsi que la possibilité de bonifier les exportations agricoles, a-t-il ajouté. Ces leaders sont à l’affût de partenariats agricoles et agroalimentaires internationaux.
Besoins énormes
« Combler les besoins en infrastructures va nécessiter des mises de fonds de 93 G$, dont une bonne partie touche l’agriculture », a avancé M. Juma. Pour l’heure, 17 sociétés internationales ont promis d’investir 8 G$ dans l’agriculture africaine.
M. Juma estime par exemple que des partenariats sont souhaitables dans la production de semences dominée par deux petites sociétés. Il y faudrait 1,5 G$ sur 10 ans, a-t-il fait valoir. De plus, des collaborations sont attendues pour les élevages où les écarts de rendement sont majeurs en regard des pays industrialisés. Cette approche de partenariat vaut aussi dans l’énergie, les communications, le transport et l’irrigation. Environ 4 % des terres sont irriguées en Afrique contre quelque 50 % en Asie du Sud-Est, a-t-il fait remarquer. Il faut également régler des problèmes importants de stockage, de transport et de distribution. « Le Nigeria, premier producteur mondial de tomates, perd 30 M$ par an faute de stockage. »
Par ailleurs, des pays africains sont tout à fait disposés à mettre les nouvelles technologies au service d’une agriculture durable. « C’est ainsi qu’une quinzaine de pays veulent imiter le Rwanda qui a recours à des drones pour gérer ses terres agricoles au lieu d’utiliser des satellites fort coûteux », a-t-il illustré. M. Juma a relativisé le rôle de la Chine dans l’achat de terres en Afrique. « La Chine n’a pas un rôle si important, a-t-il souligné. Les Sud-Coréens en achètent plus. » Et ce phénomène n’a pas semblé l’inquiéter outre mesure. Il faut regarder ça comme des investissements étrangers directs, une approche qui a bien servi Singapour même si elle avait l’air d’une forme d’exploitation il y a une cinquantaine d’années, a-t-il mentionné.