L’ASRA veau de lait disparaîtra en 2016
Le programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) dans la production de veaux de lait sera aboli en 2016.
Le conseil d’administration de la Financière agricole du Québec (FADQ) a pris cette décision, le vendredi 12 juin, sur recommandation de la direction de l’organisation.
Il faut se rappeler qu’en février dernier, la FADQ annonçait d’importants changements au programme. Elle justifiait ces mesures par l’impossibilité de reconnaître un intérêt assurable pour la majorité des entreprises adhérentes et d’établir des coûts de production transparents et objectifs. Elle confiait du même coup à un comité le mandat d’évaluer les conditions nécessaires afin de ramener le risque assurable à la ferme.
Le secteur du veau de lait se caractérise par sa forte intégration. Ainsi, les deux principaux joueurs de l’industrie, Écolait et Délimax, intègrent toutes les étapes de la filière, de la fabrication d’aliments d’allaitement à la transformation. Ils se partagent plus de 90 % des volumes abattus.
Prématuré
Le 12 juin, le conseil d’administration de la Financière a décidé de mettre fin à l’ASRA veau de lait à compter de l’année 2016. Cette décision survient après plusieurs mois d’une démarche structurée pendant lesquels l’impossibilité de déterminer de façon objective un coût de production et un prix de vente a clairement été démontrée, explique la FADQ. L’absence de concurrence et la forte concentration des activités du secteur expliquent en partie cette situation, précise-t-elle. La FADQ compte cependant accompagner financièrement les producteurs vers d’autres formes de soutien, telles que les programmes Agri.
« La Financière agricole sera à l’écoute de vos besoins et vous fournira, notamment par son réseau de centres de services, un appui personnalisé, a déclaré Robert Keating, président-directeur général de l’organisme. Nous vous contacterons personnellement afin d’évaluer, avec chacun d’entre vous, les possibilités, tant en protection du revenu qu’en financement. »
La Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ) a tenté à plusieurs reprises de faire reporter cette décision. Elle s’est toutefois butée au refus de la Financière. Dans une lettre acheminée le 10 juin au ministre de l’Agriculture du Québec, Pierre Paradis, et au président-directeur général de la FADQ, Robert Keating, la Fédération a exprimé « sa vive déception face à la gouvernance de la FADQ dans ce dossier, laquelle agit trop rapidement ». La FPBQ aurait plutôt souhaité que la société d’État puisse proposer des solutions pour conserver l’admissibilité du veau de lait à l’ASRA.
L’organisation a d’ailleurs déposé un plan d’action afin de ramener l’assurabilité à la ferme. De plus, la FADQ propose actuellement deux chantiers sur l’admissibilité du secteur aux programmes Agri et à un programme de transition.
Pour la Fédération, ces chantiers auraient dû terminer leurs travaux avant de trancher sur l’avenir de l’ASRA veau de lait.
« Il nous apparaît prématuré et imprudent de prendre une telle décision et ainsi de risquer de créer une panique dans ce secteur. Une telle décision aura pour conséquence la fin de plusieurs dizaines d’élevages, propriétés de familles, et entraînera une perte d’emplois non négligeable dans la filière qui en compte actuellement 2 500 », a fait valoir la FPBQ.
L’organisation considère que l’admissibilité aux programmes Agri et de transition s’avère essentielle au maintien de la filière veau de lait. Ces outils doivent aussi permettre de « maintenir l’indépendance des éleveurs qui le sont et accompagner les producteurs qui désirent gagner en indépendance ».
Au cours des prochaines semaines, la Fédération partira en tournée d’information auprès des éleveurs de veaux de lait. Le secteur compte environ 150 entreprises, dont une quinzaine de fermes indépendantes.