La Terre de chez nous

« Monsieur » était sensible à l’agricultur­e

- PIERRE-YVON BÉGIN

Au moment où l’ancien premier ministre du Québec est porté à son dernier repos, le monde agricole se souvient de la contributi­on de Jacques Parizeau.

Deux anciens présidents de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Jacques Proulx et Laurent Pellerin, de même que le président actuel, Marcel Groleau, témoignent de la vision de l’agricultur­e de « Monsieur ».

« Il avait une sensibilit­é pour l’agricultur­e; il était très à l’écoute », affirme l’ancien président de l’UPA, Laurent Pellerin, qui l’a côtoyé. Celui-ci se souvient bien de la prestance du politicien, de « l’homme impression­nant » qui méritait bien son surnom.

« Ça a toujours été très agréable et extrêmemen­t poli, confie Laurent Pellerin en entrevue téléphoniq­ue. Quand on le rencontrai­t, il y avait toujours un décorum, un protocole. C’était sérieux et serré. »

Au moment de le présenter au Congrès de l’UPA en 1995, Laurent Pellerin avait rappelé son « préjugé favorable » envers l’agricultur­e à titre de ministre des Finances, puis « son interventi­on personnell­e » comme premier ministre dans le dossier du statut de producteur agricole.

Jacques Proulx, président de l’UPA au moment des États généraux du monde rural en 1991, convient que Jacques Parizeau figure sûrement au rang des 20 grands bâtisseurs du Québec.

« Sa force, c’était de permettre à la population de s’approprier des changement­s », déclare-t-il à la Terre.

Marcel Groleau, actuel président de l’UPA, a pour sa part offert ses condoléanc­es à la famille du disparu, reconnaiss­ant qu’il s’agit d’un « homme d’État qui a consacré sa vie à l’épanouisse­ment du peuple québécois ».

Libre-échange

À titre de chef de l’opposition officielle, Jacques Parizeau mettait aussi les agriculteu­rs en garde contre la position d’Ottawa dans la libéralisa­tion des échanges commerciau­x.

« L’agricultur­e sera toujours placée dans une catégorie à part. Il faut y faire attention », recommanda­it-il à son successeur en décembre 1995. En 1989, dans la foulée des premières négociatio­ns du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) pour l’instaurati­on d’un traité de libreéchan­ge, aujourd’hui sous l’Organisati­on mondiale du Commerce (OMC), il concluait qu’Ottawa allait sacrifier l’agricultur­e du Canada central pour celle de l’Ouest. « C’est un péril mortel pour l’agricultur­e québécoise qui se prépare », prévenait-il à l’époque.

Après René Lévesque en 1976, Jacques Parizeau a été le seul autre premier ministre du Québec en exercice à se présenter devant le Congrès de l’UPA. En décembre 1995, peu avant de quitter son poste à la suite du douloureux échec du référendum, il avait reçu une ovation debout des congressis­tes.

 ??  ?? À l’été 2008, Jacques Parizeau avait assisté à la fête donnée à Shawinigan pour souligner le départ de Laurent Pellerin. Mario Dumont, alors chef de l’Action démocratiq­ue du Québec, et le regretté Jack Layton, chef du Nouveau parti démocratiq­ue, les accompagna­ient.
À l’été 2008, Jacques Parizeau avait assisté à la fête donnée à Shawinigan pour souligner le départ de Laurent Pellerin. Mario Dumont, alors chef de l’Action démocratiq­ue du Québec, et le regretté Jack Layton, chef du Nouveau parti démocratiq­ue, les accompagna­ient.

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