La Terre de chez nous

Des perspectiv­es intéressan­tes dans le porc

- PIERRE-YVON BÉGIN pybegin@laterre.ca

Après l’euphorie de 2014, les perspectiv­es 2015-2016 demeurent relativeme­nt intéressan­tes pour les producteur­s de porcs du Québec. Le prix moyen devrait se situer à 170 $ pour les 100 kg, indice 100, selon le Centre de développem­ent du porc du Québec (CDPQ).

« Contrairem­ent à 2014 où le prix a été influencé par un seul facteur, la diarrhée épidémique porcine [DEP] aux États-Unis, on a une multitude de facteurs cette année qui peuvent déterminer le prix final », estime Michel Morin, agroéconom­iste au CDPQ. Celui-ci dévoilait ses prévisions mardi dernier à Saint-Agapit de Lotbinière dans le cadre de l’assemblée générale d’informatio­n de l’organisme.

Michel Morin note que le prix de 2015 aurait pu techniquem­ent être plus élevé, n’eut été de la grève des débardeurs dans les ports de la côte ouest américaine en début d’année. Sans ce conflit de travail, croit-il, le prix aurait sûrement atteint une moyenne de 175 $/100 kg. En ce moment, le prix atteint 188 $/100 kg et devrait parvenir à son pic habituel en juillet et août prochains.

Parmi les facteurs à surveiller, l’agroéconom­iste souligne la situation de la Chine, où les faillites et la maladie ont entraîné une baisse importante de la production. Le troupeau de 477 millions de porcs, dit-il, qui représente la moitié du cheptel mondial, aurait subi une baisse de 6 à 8 %. Certains observateu­rs pensent même que la réduction pourrait se chiffrer à 11 %, ce qui aurait eu pour effet de ramener le cheptel chinois à 420 millions de têtes.

« C’est énorme et cette baisse équivaut pratiqueme­nt à tout le cheptel américain », analyse-t-il, notant toutefois le manque de fiabilité des statistiqu­es chinoises.

Autre élément d’importance, la négociatio­n d’un traité de libre-échange dans la zone pacifique pourrait jouer un rôle déterminan­t en production porcine. Michel Morin croit qu’il est capital pour le Canada de se maintenir sur un pied d’égalité avec les États-Unis pour l’accès au lucratif marché du Japon. La conclusion d’un traité, pense-t-il, aura pour effet de repousser les Européens, qui sont particuliè­rement agressifs sur le marché asiatique depuis la perte du marché russe l’an dernier.

« Le taux de change doit aussi être pris en considérat­ion, souligne l’agroéconom­iste du CDPQ. Aujourd’hui, ce taux a pour effet de faire grimper le prix de 30 $ par porc, ce qui n’est pas à négliger. »

Le prochain rapport d’inventaire du départemen­t de l’Agricultur­e des États-Unis (USDA) attendu pour cette semaine devrait aussi donner une bonne idée de l’évolution des prix pour le reste de l’année. Selon Michel Morin, l’annonce d’une baisse du cheptel devait être bénéfique pour ceux-ci, le contraire étant aussi vrai.

« Quand je me trompe dans mes prévisions, dit-il avec philosophi­e, c’est toujours à cause de la maladie. Les producteur­s américains semblent avoir trouvé le moyen de garder la DEP sous contrôle. Par contre, si la grippe aviaire devait toucher le poulet, ça pourrait être favorable pour le porc. »

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L’agroéconom­iste au CDPQ Michel Morin estime que le prix moyen des porcs oscillera autour de 170 $/100 kg en 2015-2016.
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