Le miel de spécialité de plus en plus populaire
Les miels de spécialité, un concept peu connu, profitent d’une demande à la hausse.
La Baie-des-Chaleurs en Gaspésie abrite un apiculteur d’exception qui produit une dizaine de types de miel, classifiés non pas par couleur, mais par provenance florale. Celui-ci produit donc des miels de pissenlit, de framboisier, de centaurée, de bleuet et de sarrasin, et déplace même ses ruches dans les monts Chic-Chocs pour créer un miel alpin rarissime reposant principalement sur la fleur d’épilobe.
« Je suis à sec. J’ai tout vendu! La croissance du miel de spécialité connaît une hausse majeure de 20 à 25 % depuis trois ans », affirme John Forest, du Rucher des Framboisiers. Ses produits biologiques sont inspirés des traditions millénaires européennes. Il cite en exemple les Romains, qui produisaient plusieurs variétés de miel, dont l’une sur une île où la fleur dominante était celle du thym.
« Produire un miel industriel qui n’a pas de goût, ça ne m’intéresse pas. Je crois que les apiculteurs ont avantage à se diversifier et à proposer des miels de couleur et d’arômes uniques. Les gens recherchent des goûts spécifiques. Et cela me permet d’aller chercher le double du prix », précise celui qui possède 700 ruches.
La « Sherlock Holmes » du miel
L’apiculteur qui classifie son miel par la fleur principale que butinent ses abeilles doit connaître la flore environnante pour ne pas induire ses clients en erreur. Quoiqu’il puisse miser sur le microscope de Mélissa Girard. « Les grosses compagnies ou les petits producteurs m’envoient leurs produits. Grâce au pollen, je peux déterminer s’il s’agit principalement d’un miel de trèfle, de canola ou de tilleul, par exemple », précise cette agronome, qui est également apicultrice.
Et du miel de maïs ou de soya?
« Malgré les immenses superficies en soya et en maïs, nous n’en trouvons pas beaucoup dans le pollen transporté par les abeilles. D’une part, les apiculteurs s’en éloignent, et d’autre part, le maïs ne contient pas de nectar et son pollen est peu protéiné; les abeilles l’évitent quand elles ont le choix », explique Mme Girard.