Une nouvelle charge de la droite économique
L’Institut économique de Montréal (IEDM) y va d’une autre attaque contre la gestion de l’offre.
À intervalles réguliers, le groupe de réflexion, campé à droite, dénonce ce mode de production. Dans sa plus récente étude, l’Institut affirme que la gestion de l’offre « impose un coût additionnel de 339 $/année pour les ménages les plus pauvres. Il s’agit d’un impact négatif, en proportion de leurs revenus, cinq fois plus élevé que pour les ménages riches. »
L’Institut espère convaincre le gouvernement canadien « d’en finir avec le système de gestion de l’offre pour la production de lait, de poulet et d’oeufs, une politique qui constitue un sujet de litige avec nos partenaires commerciaux ». Les négociations entourant l’accord de Partenariat transpacifique (PTP) constituent le moment propice pour démanteler le système, soutient l’IEDM, sous la plume de Youri Chassin et Mario Dumais. Ce dernier a occupé les fonctions d’économiste à l’Union des producteurs agricoles et de secrétaire général de La Coop fédérée.
Cette politique nuit aussi aux transformateurs en les forçant à payer leurs matières premières plus cher, ajoute M. Dumais. Fait à noter, de grands transformateurs québécois tels qu’Agropur et La Coop fédérée appuient fermement la gestion de l’offre.
Plus vert en Australie
L’IEDM suggère au gouvernement de s’inspirer de l’Australie, qui a éliminé la gestion de l’offre il y a 15 ans. Les Producteurs de lait du Québec (PLQ) critiquent le manque de profondeur de la note publiée par l’IEDM, « une rhétorique, qui ne résiste pas à l’épreuve des faits », réagit le directeur général de l’organisation, Alain Bourbeau. L’IEDM estime que la fin de la gestion de l’offre se traduirait par des économies pour les consommateurs de produits laitiers. En fait, l’exemple australien démontre tout le contraire, explique M. Bourbeau. Les plus récentes statistiques australiennes indiquent qu’entre 2000 (l’année de la déréglementation) et 2014, le nombre de fermes a diminué de 51 % et la production de 15 %. Pendant que le prix du lait à la ferme chutait de 23 %, le prix au consommateur grimpait de 36 %.
Une étude du professeur DanielMercier Gouin a également démontré que c’est en Australie et en NouvelleZélande que l’indice du prix des produits laitiers a le plus augmenté de 1998 à 2011, soit respectivement de 48,6 % et de 50,2 %, contrairement à 46 % au Canada. Les données 2014 de la firme Nielsen révèlent que les consommateurs canadiens payent environ 1,30 $/litre de lait frais, ce qui se compare avantageusement à ce que l’on observe en NouvelleZélande (1,83 $), en France (1,81 $) et aux États-Unis (1,15 $). À l’échelle du pays, les Producteurs laitiers du Canada (PLC) estiment qu’« une fois de plus, l’Institut est aveuglé par sa philosophie libertarienne, qualifiant d’obsolète un système qui permet de maintenir plus de 300 000 emplois au Canada, souligne la directrice générale, Caroline Émond.