Une crise laitière se dessine en Europe
Quelques mois après la disparition des quotas laitiers dans l’Union européenne (UE), une crise laitière guette le Vieux Continent.
En prévision de la fin des quotas, le 1er avril dernier, plusieurs pays européens ont augmenté leur production. Ces nouveaux volumes, jumelés au manque de vigueur de la demande internationale, ont décuplé la volatilité du marché. Les cours mondiaux des produits laitiers viennent d’ailleurs d’atteindre leur plus bas niveau en six ans. Le Comité des organisations professionnelles agricoles (COPA) de l’UE et son comité général de la coopération agricole (COGECA) ont averti la Commission européenne que la situation du marché du lait est critique. « Les prix sont faibles dans l’ensemble de l’Union et les agriculteurs laitiers produisent en deçà des coûts de production, ce qui entraîne de graves problèmes de liquidités », a affirmé le président du groupe de travail Lait et produits laitiers du Copa-Cogeca, Mansel Raymond.
En France, la situation des éleveurs est devenue intenable alors que les trésoreries sont dans le rouge, fait valoir la Fédération nationale des producteurs de lait. Selon ses calculs, il manque 30 €/1 000 L sur le prix du lait, rien que pour compenser le niveau des charges pour les six premiers mois de 2015. Pour la Fédération, les éleveurs doivent être soutenus par l’aval de la filière. Le 10 juin, elle a réuni les transformateurs et les distributeurs afin de trouver des solutions. La grande distribution y a réaffirmé sa volonté d’agir pour mieux rémunérer les producteurs de lait. Pourtant, les distributeurs français sont accusés d’importer des produits laitiers dans le seul but d’imposer des baisses de prix aux laiteries françaises, indique le journal L’Humanité.
À l’aide
La Fédération nationale des coopératives laitières affirme être bien consciente des difficultés des producteurs. « La dérégulation des marchés et les déséquilibres ponctuels offre/demande entraînent une volatilité accrue et une exposition sans précédent des entreprises et des producteurs à ses effets, expliquet-elle. Après plusieurs années de hausses des prix du lait et des marchés et une année 2014 record, 2015 rend exsangues les marges de chacun des acteurs. »
Pour gérer l’urgence, les coopératives laitières ont tenté de minimiser les effets de la volatilité en appliquant un prix du lait plus élevé que celui qui prévaut sur les marchés actuels dégradés. Les coops réclament maintenant la mise en place d’outils de prévention et de gestion de crise, notamment un système d’assurance pour sécuriser la marge du producteur en cas de crise.
La conjoncture n’est pas plus rose du côté de l’élevage bovin. La semaine dernière, des producteurs ont bloqué une quinzaine d’abattoirs représentant environ la moitié de la capacité de transformation de la France. Le mouvement de protestation a été lancé par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Tout comme leurs confrères du secteur laitier, les éleveurs bovins réclament un prix couvrant leurs coûts de production.