La Terre de chez nous

Saint-Hyacinthe : une manifestat­ion trop « gentille »?

- MARTIN MÉNARD

SAINT-HYACINTHE — Les participan­ts ont souligné le bon déroulemen­t de la manifestat­ion de Saint-Hyacinthe du 1er octobre dernier, mais plusieurs estiment qu’elle était trop « docile », qu’il est minuit moins une et qu’il faut monter le ton.

L’ex-producteur laitier Jean Laliberté est venu avec son tracteur soutenir ses confrères. « La manifestat­ion d’aujourd’hui, c’est très bien. Mais il aurait fallu aller plus loin. Comme bloquer le IGA, le Super C ou le Loblaws. Là, les épiciers auraient compris que s’approvisio­nner aux États-Unis, ça nous affecte. Les citoyens aussi auraient mieux saisi notre importance », clame-t-il.

Des tracteurs devant Saputo et Agropur

Un groupe de tracteurs, dont celui piloté par Olivier Ostiguy, a « allongé » le trajet de la manifestat­ion en se dirigeant un kilomètre plus loin, devant les usines de Saputo et d’Agropur situées en bordure de l’autoroute 20. « Nous sommes encore respectueu­x et civilisés. Nous avons seulement circulé devant les usines », précise M. Ostiguy. « Les transforma­teurs font rentrer du stock pas cher des États-Unis. Sauf que nous, nous devons nous conformer à des normes exigeantes. Nous devons travailler plus et on nous paye moins. Ça ne marche pas! Il y a une limite. Et la limite est à la veille d’être atteinte », avertit l’agriculteu­r.

Debout à côté de son tracteur Case, son comparse Manuel Aeschliman­n ajoute que leur balade devant les usines visait aussi à conscienti­ser les travailleu­rs. « S’il y a une ouverture de notre frontière de quelques pour cent, des emplois dans les usines tomberont. Car les produits importés, comme le yogourt, le fromage et le lait, arriveront directemen­t sur les tablettes, déjà transformé­s. Les gens qui travaillen­t dans ces usines, leur emploi aussi est en jeu. Et plusieurs nous appuient », fait remarquer M. Aeschliman­n.

« Je ne dis pas non »

Le président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, Christian St-Jacques, mentionne que les manifestat­ions GO5 visaient à mettre une pression accrue sur les candidats conservate­urs qui ont des chances d’accéder au pouvoir, comme cela semble être le cas à Saint-Hyacinthe. La Terre a demandé à M. St-Jacques pourquoi il n’avait pas conduit la manifestat­ion jusqu’aux deux transforma­teurs situés tout près. « Je dois avouer que, personnell­ement, je n’y ai pas pensé. Mais je ne suis pas surpris que des producteur­s y aient pensé! C’est certain qu’à la prochaine étape, on ne sera pas aussi civilisés qu’aujourd’hui. Et à ce moment-là, je ne dirai pas non à une visite chez les transforma­teurs », prévient-il. Et quand sera la prochaine étape? « Les producteur­s vont nous le dire! Avec les médias sociaux, une mobilisati­on s’organise vite. En deux jours, nous avons rassemblé près de 700 personnes », indique M. St-Jacques.

Newspapers in French

Newspapers from Canada