La Terre de chez nous

Les Viandes Laroche : la filière fragilisée

- JULIE MERCIER

Avec la fermeture des Viandes Laroche, le Québec perd le dernier abattoir d’importance de bouvillons.

La flambée des prix des bovins et la faiblesse du dollar canadien ont contribué aux difficulté­s financière­s de l’entreprise. « Comme nous, ils ne l’avaient pas facile », témoigne le propriétai­re des Viandes Giroux, Roger Giroux. Depuis la fin de mars, son entreprise a cessé d’abattre de la vache de réforme. « On perdait 300 $ par tête », ajoute-t-il. Les abattoirs québécois ne font pas le poids face aux multinatio­nales Cargill et JBS, qui dominent le marché nord-américain et qui s’approvisio­nnent au Québec.

« C’est une situation difficile, mais les producteur­s vendent au prix du marché. Ils ne peuvent pas laisser de l’argent sur la table. C’est une industrie à petite marge, explique André Roy, directeur de la mise en marché des bouvillons d’abattage, des bovins de réforme et des veaux laitiers à la Fédération des producteur­s de bovins du Québec. Si le gouverneme­nt juge important d’avoir des abattoirs, c’est à lui de jouer le rôle d’agent de développem­ent économique, pas aux producteur­s. » Depuis plus d’un an, Roger Giroux réclame aussi, sans succès, l’interventi­on du ministère de l’Agricultur­e.

Les Viandes Laroche transforma­ient quelque 250 bouvillons par semaine pour environ 13 000 bêtes par année. Outre les animaux certifiés Viandes sélectionn­ées des Cantons (VSC), l’entreprise abattait des bouvillons élevés de manière convention­nelle. Ces bêtes ont pu être redirigées vers d’autres usines. Les derniers éleveurs ayant livré des bêtes aux Viandes Laroche, avec un numéro d’autorisati­on de l’Agence de vente des bouvillons, ont été payés par leur fonds de garantie. « La Fédération a subi des pertes, mais dans le respect du règlement », indique M. Roy. Celles-ci sont estimées à environ 190 000 $.

VSC

La fermeture des Viandes Laroche est un coup dur pour les éleveurs de la filière VSC, surtout à cause des sommes importante­s que l’abattoir leur doit, explique le président du conseil d’administra­tion de la compagnie VSC, Réal Carrier. L’entreprise regroupe 60 éleveurs de vaches-veaux et le parc d’engraissem­ent Sinotte. La marque de commerce VSC, qui se rapporte à des bouvillons élevés sans hormones de croissance ni antibiotiq­ues, survivra aux Viandes Laroche puisqu’elle appartient également à la compagnie VSC. Actuelleme­nt, environ 1 500 animaux sont à l’engrais- sement. L’entrée des veaux en parc prévue à la fin d’octobre a été retardée d’un mois. Les producteur­s ont aussi la possibilit­é de vendre leurs veaux d’embouche dans le réseau des encans spécialisé­s. « On attend que Les Viandes Laroche fassent quelque chose », précise M. Carrier. Les rumeurs de faillite vont bon train. En attendant, les producteur­s VSC sont en pourparler­s avec des abattoirs de la province. « On ne veut pas vendre notre produit aux États-Unis. Nos distribute­urs et nos clients le veulent toujours. On veut continuer », insiste M. Carrier.

Le Québec peut toujours compter sur les abattoirs fédéraux Forget, Luceville et les Viandes de la PetiteNati­on, qui abattent des bouvillons, mais à plus petite échelle. L’ensemble des abattoirs, incluant ceux sous inspection provincial­e, transforme entre 3 000 et 4 000 bêtes par année.

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