F. Ménard déçu de la convention
Si les Éleveurs de porcs du Québec se disent satisfaits de l’acceptation d’une nouvelle convention de mise en marché par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, l’abattoir Agromex de F. Ménard est pour le moins déçu. L’entreprise dit ne pas avoir eu la reconnaissance des porcs du propriétaire en devant se soumettre à un nouveau mécanisme de changement d’assignation d’abattoir.
« C’est de la poudre aux yeux », estime Bruno Girard, responsable des achats et des ventes chez F. Ménard. L’application de la nouvelle convention, croit-il, ne remplira pas les promesses faites aux producteurs. « Même s’il s’agit de porcs du propriétaire dont tu as fait l’acquisition, explique-t-il, si tu dépasses le 2 %, tu devras livrer ces porcs chez ton compétiteur. Ce 2 % n’est vraiment pas suffisant. »
Agromex demandait ainsi que la limite des pertes nettes d’un abattoir à la suite d’un changement d’assignation soit portée à 3 %. Elle craint que les délais afin de pouvoir abattre ses nouveaux porcs du propriétaire soient trop longs.
« Cette convention, analyse Bruno Girard, ne fait que confirmer que les porcs appartiennent aux acheteurs. Ce sont eux qui vont se les partager et non les propriétaires qui vont pouvoir décider où les livrer. »
Dans sa décision, la Régie a pourtant jugé que le mécanisme convenu entre la majorité des acheteurs et les Éleveurs pour le changement d’assignation offre une voie intéressante aux producteurs. Ceux-ci, pense-t-elle, « seront moins captifs de leurs acheteurs ». De plus, les producteurs à forfait et les indépendants auront à ses yeux accès aux mécanismes permettant de choisir à la fois leurs acheteurs et leur mode de production.
« Il va y avoir beaucoup de déception », prévoit Bruno Girard. Celui-ci croit également que la durée de la convention est trop longue. D’une durée de trois ans de février 2016 à février 2019, celle-ci s’étend en réalité sur six ans en tenant compte du fait que la convention précédente a pris fin en 2013.
David Boissonneault, président des Éleveurs de porcs du Québec, ne partage évidemment pas cette opinion. Après plusieurs mois de travail, dit-il, il a hâte de passer en mode opérationnel en février. En principe, le premier mouvement de porcs entre abattoirs pourrait avoir lieu en juin prochain, sinon en octobre.
« Dans le fond, fait-il valoir, ce qui est limitatif, c’est la sortie des porcs d’un abattoir. Tous les quatre mois, un abattoir ne peut perdre plus de 2 % nets de son volume, donc 6 % au maximum par année. Il pourra y avoir beaucoup de mouvements, parce que si un abattoir perd 10 % de ses porcs, il pourra en faire entrer 12 %. »
Quant à Agromex, David Boissonneault croit que tout semble « assez conforme » aux éléments discutés en comité de travail et lors des négociations. Rappelons que la nouvelle convention a été approuvée par la majorité des acheteurs, qui acquièrent 85 % des abattages. « Cette nouvelle convention va répondre mieux aux producteurs en introduisant plus de souplesse. On a fait un pas de plus pour eux, mais il faut aller plus loin et continuer d’améliorer nos chaînes de valeur », a ajouté David Boissonneault. Celui-ci s’adressait aux délégués réunis à Québec le 12 novembre pour leur assemblée générale semi-annuelle.