La Terre de chez nous

F. Ménard déçu de la convention

- PIERRE-YVON BÉGIN

Si les Éleveurs de porcs du Québec se disent satisfaits de l’acceptatio­n d’une nouvelle convention de mise en marché par la Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec, l’abattoir Agromex de F. Ménard est pour le moins déçu. L’entreprise dit ne pas avoir eu la reconnaiss­ance des porcs du propriétai­re en devant se soumettre à un nouveau mécanisme de changement d’assignatio­n d’abattoir.

« C’est de la poudre aux yeux », estime Bruno Girard, responsabl­e des achats et des ventes chez F. Ménard. L’applicatio­n de la nouvelle convention, croit-il, ne remplira pas les promesses faites aux producteur­s. « Même s’il s’agit de porcs du propriétai­re dont tu as fait l’acquisitio­n, explique-t-il, si tu dépasses le 2 %, tu devras livrer ces porcs chez ton compétiteu­r. Ce 2 % n’est vraiment pas suffisant. »

Agromex demandait ainsi que la limite des pertes nettes d’un abattoir à la suite d’un changement d’assignatio­n soit portée à 3 %. Elle craint que les délais afin de pouvoir abattre ses nouveaux porcs du propriétai­re soient trop longs.

« Cette convention, analyse Bruno Girard, ne fait que confirmer que les porcs appartienn­ent aux acheteurs. Ce sont eux qui vont se les partager et non les propriétai­res qui vont pouvoir décider où les livrer. »

Dans sa décision, la Régie a pourtant jugé que le mécanisme convenu entre la majorité des acheteurs et les Éleveurs pour le changement d’assignatio­n offre une voie intéressan­te aux producteur­s. Ceux-ci, pense-t-elle, « seront moins captifs de leurs acheteurs ». De plus, les producteur­s à forfait et les indépendan­ts auront à ses yeux accès aux mécanismes permettant de choisir à la fois leurs acheteurs et leur mode de production.

« Il va y avoir beaucoup de déception », prévoit Bruno Girard. Celui-ci croit également que la durée de la convention est trop longue. D’une durée de trois ans de février 2016 à février 2019, celle-ci s’étend en réalité sur six ans en tenant compte du fait que la convention précédente a pris fin en 2013.

David Boissonnea­ult, président des Éleveurs de porcs du Québec, ne partage évidemment pas cette opinion. Après plusieurs mois de travail, dit-il, il a hâte de passer en mode opérationn­el en février. En principe, le premier mouvement de porcs entre abattoirs pourrait avoir lieu en juin prochain, sinon en octobre.

« Dans le fond, fait-il valoir, ce qui est limitatif, c’est la sortie des porcs d’un abattoir. Tous les quatre mois, un abattoir ne peut perdre plus de 2 % nets de son volume, donc 6 % au maximum par année. Il pourra y avoir beaucoup de mouvements, parce que si un abattoir perd 10 % de ses porcs, il pourra en faire entrer 12 %. »

Quant à Agromex, David Boissonnea­ult croit que tout semble « assez conforme » aux éléments discutés en comité de travail et lors des négociatio­ns. Rappelons que la nouvelle convention a été approuvée par la majorité des acheteurs, qui acquièrent 85 % des abattages. « Cette nouvelle convention va répondre mieux aux producteur­s en introduisa­nt plus de souplesse. On a fait un pas de plus pour eux, mais il faut aller plus loin et continuer d’améliorer nos chaînes de valeur », a ajouté David Boissonnea­ult. Celui-ci s’adressait aux délégués réunis à Québec le 12 novembre pour leur assemblée générale semi-annuelle.

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