La Terre de chez nous

« Diminuer les pesticides, c’est énorme »

- MARTIN MÉNARD

Les Producteur­s de grains du Québec, qui représente­nt quelque 11 000 membres, s’inquiètent sérieuseme­nt des répercussi­ons de la stratégie que s’apprête à dévoiler le ministère du Développem­ent durable, de l’Environnem­ent et de la Lutte contre les changement­s climatique­s. « Changer complèteme­nt les pratiques au champ, ce n’est pas quelque chose de facile. Or, demander de diminuer les pesticides, comme semble vouloir le faire le ministère, c’est énorme. Surtout considéran­t le peu de ressources disponible­s pour faire face à un changement de cette taille », analyse le directeur des Producteur­s, Benoit Legault, qui cite l’échec de la France dans sa stratégie de réduction des pesticides imposée aux agriculteu­rs.

Les Producteur­s de grains du Québec se disent défavorabl­es à la prescripti­on obligatoir­e, c’est-à-dire à l’idée que tous les pesticides doivent recevoir l’approbatio­n d’un agronome. « Nous sommes contre cette lourdeur administra­tive qu’on veut imposer à nos membres. Il y aura aussi des coûts potentiell­ement liés à ça », souligne M. Legault. Le président Christian Overbeek abonde dans le même sens, s’interrogea­nt sur l’impact de l’éventuelle stratégie sur la pérennité et la compétitiv­ité des entreprise­s agricoles. Il ajoute que les producteur­s ne sont pas les seuls responsabl­es des problèmes liés à l’utilisatio­n de pesticides, montrant du doigt des lacunes concernant l’informatio­n transmise sur les produits. « Ça me choque quand on considère les producteur­s comme des “innocents”, comme des gens qui ne se posent pas de questions. Voyons! Personne n’applique des pesticides par plaisir. Il y a des factures rattachées à leur utilisatio­n. Notre volonté de bien faire les choses est là. Mais personne ne peut nous expliquer pourquoi, après avoir respecté les consignes sur les étiquettes des produits, nous en retrouvons dans les cours d’eau. Comme si la toxicité et la mobilité des molécules avaient été mal évaluées par certains services, ce qui dépasse la compétence du producteur », dénonce-t-il, soulignant qu’avant d’imposer des règlements, il aurait fallu que les autorités s’assurent que chaque produit soit doté de la bonne politique d’applicatio­n.

Les Producteur­s de grains assurent qu’ils ne sont pas contre l’idée de diminuer l’impact des pesticides sur l’environnem­ent et qu’ils collaborer­ont « à toute stratégie réaliste, efficace et faisable en matière de réduction de pesticides ». L’organisati­on participer­a d’ailleurs activement à un forum sur le sujet organisé en janvier prochain, mais déplore, en passant, que personne ne mentionne un élément positif, soit que l’indice de risque global lié aux pesticides a diminué depuis 1997.

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