La Terre de chez nous

Le lait avec hormone dans la mire

- THIERRY LARIVIÈRE

Pendant la campagne électorale, le Parti libéral du Canada a insisté sur la réciprocit­é des normes pour les produits importés par rapport à celles en vigueur au pays.

Dans sa lettre à la Coalition GO5, le Parti libéral promettait en effet de « s’assurer que l’ensemble des produits alimentair­es qui sont importés, incluant les produits laitiers, respecte les mêmes normes de santé et d’hygiène que les produits canadiens ». Logiquemen­t, le gouverneme­nt libéral devrait donc s’assurer d’imposer que le lait importé au Canada, notamment en provenance des États-Unis, ne contienne pas de somatotrop­hine bovine, une hormone de croissance qui est interdite au Canada.

Les Producteur­s laitiers du Canada (PLC) sont de cet avis. « De notre point de vue, nous croyons que le Canada a les moyens et l’autorité nécessaire d’interdire le lait ou les produits laitiers contenant de la somatotrop­hine. Nous estimons que l’interdicti­on de cette hormone au Canada, basée sur des considérat­ions de santé animale, constitue un objectif légitime, et les ententes internatio­nales permettent de réglemente­r sur la base d’objectifs légitimes », a spécifié Yves Leduc, directeur des politiques et du commerce internatio­nal pour les PLC.

Notons par ailleurs que le texte du Partenaria­t transpacif­ique contient une lettre d’entente spécifique­ment sur le lait entre le Canada et les États-Unis. Le document stipule que les deux pays doivent s’entendre sur un système de salubrité alimentair­e ( food safety), qui sera reconnu par le pays voisin de façon à éviter les inspection­s transfront­alières.

Pour le moment, il n’y a pas de système de certificat­ion reconnu par le Canada qui permettrai­t de s’assurer que seul le lait sans hormone traverse la frontière. Les discussion­s prévues dans la lettre donneront toutefois l’occasion de demander aux Américains de mettre en place un tel système ou de baliser celui qui existe déjà aux États-Unis et qui donne la possibilit­é de vendre du lait certifié sans hormone ( BST free).

Selon des chiffres du départemen­t américain de l’Agricultur­e (USDA) de 2010, quelque 18 % de la production laitière américaine du Wisconsin se faisait avec la somatotrop­hine bovine. Le Wisconsin est l’un des principaux États producteur­s des États-Unis avec 13,5 % de la production nationale. Peu de laiteries disposent toutefois d’un système de collecte permettant de séparer le lait avec ou sans hormone. Si le gouverneme­nt réussit à donner suite à sa promesse et à contrôler l’entrée de lait avec hormone, cela pourrait limiter l’entrée de produits américains. Le lait sans hormone dispose par ailleurs d’un marché américain plus lucratif que celui du lait standard aux États-Unis ou au Canada.

L’hormone de croissance pour les vaches laitières n’est pas utilisée par l’Union européenne, le Japon, la Nouvelle-Zélande ou l’Australie. En plus de la santé animale, des craintes relatives à la santé humaine ont été soulevées par des consommate­urs. Il n’y a toutefois pas de preuves scientifiq­ues démontrant des effets de cette hormone sur la santé des humains.

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La somatotrop­hine bovine commercial­isée par Monsanto aux États-Unis peut causer des problèmes de santé aux vaches et notamment augmenter les cas de mammite.
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