La Terre de chez nous

: la Fédération recule, les membres la blâment

- MARTIN MÉNARD

L’assemblée générale annuelle de la Fédération des apiculteur­s du Québec a commencé sous les protestati­ons de certains membres qui ont adressé un blâme aux administra­teurs de leur fédération. « Vous avez décidé de ne pas appliquer une résolution votée l’an dernier dans le cadre de l’assemblée annuelle, et ce, sans en communique­r les raisons aux membres. C’est un manque de respect », a dénoncé l’apiculteur JeanPierre Chapleau.

L’histoire n’est pas banale puisqu’elle concerne une résolution votée de façon houleuse l’an dernier demandant à la Fédération de soutenir activement le recours collectif déposé à la Cour du Québec contre les multinatio­nales Syngenta et Bayer CropScienc­e. Le but était d’obtenir réparation pour les pertes subies à la suite de l’exposition des abeilles aux insecticid­es de la famille des néonicotin­oïdes. Le président Léo Buteau a écouté les doléances de ses membres pour ensuite expliquer que « la Fédération n’avait pas les effectifs ni les moyens financiers pour embarquer dans des procédures judiciaire­s ».

Un autre apiculteur a alors renchéri en disant : « Pourquoi avez-vous également décidé de ne pas donner suite aux moyens d’action que nous avions votés [manifestat­ions pacifiques et envoi aux députés d’enveloppes contenant un court texte et des abeilles mortes]? Vous auriez pu nous permettre de revenir avec des propositio­ns au lieu de voter contre », s’est désolée Maggie LamotheBou­dreau. Le nouveau vice-président, Christian Macle, lui a essentiell­ement répondu que les moyens de pression de même que l’appui au recours collectif auraient pu créer une tension avec les autres secteurs de production et ainsi faire perdre aux apiculteur­s des emplacemen­ts de ruches sur des terres en culture, notamment sur celles des pro- ducteurs de grains. Le numéro deux de la Fédération a ensuite précisé que la fameuse résolution concernant l’appui au recours collectif n’aurait simplement pas dû être acceptée en 2014, citant un avis juridique qui indique sa nonconform­ité.

Les membres ont accepté ces explicatio­ns. « On vient de laver notre linge sale; passons à autre chose », a résumé l’un d’entre eux.

En entrevue avec la Terre, le président Léo Buteau a confié qu’il ne recevra pas de motion de blâme l’an prochain, puisqu’il ne renouvelle­ra pas son mandat. La retraite est arrivée pour M. Buteau, qui vendra son entreprise sous peu, tel que prévu depuis quelques années.

En vrac

Les finances de la Fédération se sont améliorées en 2015, puisque celle-ci a enregistré un surplus d’environ 15 000 $, contre un déficit de 27 000 $ en 2014.

Outre la Fédération, il existe présenteme­nt deux autres regroupeme­nts d’apiculteur­s (non affiliés à l’UPA). Une résolution acceptée à l’unanimité par les membres de la Fédération consiste à établir un rapprochem­ent avec ces autres regroupeme­nts. « On se divise pour rien présenteme­nt. Il faut arrêter de nous chicaner entre nous et plutôt concentrer nos énergies sur l’enjeu de tous les apiculteur­s : la santé des abeilles. Nous regrouper nous donnerait plus de poids », a argumenté Julie Fontaine lorsqu’elle a proposé cette résolution.

 ??  ?? Léo Buteau terminera son troisième mandat, mais n’en solliciter­a pas un autre.
Léo Buteau terminera son troisième mandat, mais n’en solliciter­a pas un autre.

Newspapers in French

Newspapers from Canada