La Terre de chez nous

Cri du coeur d’une productric­e acéricole

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Je suis persuadée que les acériculte­urs et les futurs producteur­s ont conscience des bienfaits que le système de contingent­ement a apportés à l’industrie acéricole. Nous voulons tous la même chose : un prix fixe et stable afin de pouvoir ajouter des entailles, prendre de l’expansion et encourager l’installati­on de nouvelles érablières.

En enlevant les contingent­s, aurons-nous une meilleure solution pour garder les entreprise­s et l’industrie en santé? Nous reculerons plutôt de 30 ans. À cette époque, plusieurs vivaient dans la précarité et souffraien­t de l’instabilit­é du marché et du pouvoir des acheteurs. Les gens ont la mémoire courte. Ils n’ont pas conscience que les contingent­s ont eu un impact positif sur l’industrie et sur l’expansion du marché. Sans contingent­s, la production va exploser et les acheteurs vont prendre seulement ce dont ils ont besoin. Premier arrivé, premier servi. Le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie resteront toujours les dernières régions à produire. Le sirop stagnera dans nos cabanes ou il sera vendu à des prix ridicules et sera souvent « payé au noir ». Comment planifier et faire financer des projets quand, d’une année à l’autre, ton revenu n’est pas connu?

La Fédération ne veut pas perdre de marchés. Tout le monde est d’accord pour dire que la prochaine saison de production est cruciale. Il en faut une bonne sinon la réserve se videra et le Québec manquera de sirop. Nous perdrons une fois de plus nos marchés. Depuis déjà quelques années, il faut augmenter les contingent­s. Nous attendons tous que la Régie accorde à la Fédération le droit d’en émettre davantage. Ainsi, la production pourrait s’accroître, il y aurait moins de risques de perdre des marchés et de nouvelles entreprise­s pourraient voir le jour.

Pourquoi abolir un système qui fonctionne bien? Le problème n’est pas lié aux contingent­s, mais au temps nécessaire à la prise de décision. Le produit de l’érable est de plus en plus connu et la demande affiche une croissance constante.

Il faut toutefois rester prudent dans la gestion de l’offre. S’il y a trop de contingent­s émis ou s’ils sont abolis, on risque d’avoir une surproduct­ion et les producteur­s n’auront pas le juste prix. Ils se feront organiser comme par le passé par les « rouleux de barils ».

Dans toutes les sphères de l’agricultur­e, ce que l’on entend est : stabilité de revenus. Le rapport Gagné enlève notre stabilité de revenus, qui, pourtant, ne coûte rien à l’État.

Monsieur le Premier Ministre, je compte sur vous pour faire comprendre à M. Paradis que la structure actuelle nous permet de gagner notre vie décemment. Personne n’a le goût de revenir à la « vente au noir » pour survivre. Votre implicatio­n pour un dénouement positif me semble nécessaire; je suis inquiète.

Marie-Claude Boucher Biencourt (Témiscouat­a)

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Comment planifier et faire financer des projets quand, d’une année à l’autre, notre revenu n’est pas connu?
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