La Terre de chez nous

Les importateu­rs inquiets d’une nouvelle redevance sur le porc

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI

MONTRÉAL — « Tous les efforts ont été déployés pour défendre les intérêts des acteurs oeuvrant dans l’industrie du porc », estime le président du Conseil canadien du porc, Rick Bergman. Lors des audiences, les organisati­ons représenta­nt les entreprise­s spécialisé­es dans l’importatio­n ont cependant fait part des inquiétude­s de leurs clients. Elles s’abstiennen­t ou s’opposent à la création d’un office canadien de la promotion et de la recherche pour le porc (OPRP) si celuici leur impose une redevance sur les importatio­ns.

0,75 $ par porc

Pour financer ses activités, l’office recevrait une redevance de 0,75 $ par porc. Sur cinq ans, 21 millions de têtes ont été abattues chaque année, en moyenne, dans des établissem­ents fédéraux et provinciau­x. On estime donc que la nouvelle redevance de l’OPRP permettrai­t de percevoir un montant total de 15,7 M$ par année. Ce qui dérange, c’est que le prélevé ne s’appliquera­it pas seulement aux animaux produits au Canada, mais également au porc importé (vivant, par tonne équivalent-carcasse et de produits du porc). Si l’on ne tenait compte que des importatio­ns de porcs vivants, cette redevance représente­rait un montant total de 2 M $, une somme considérab­le qui serait investie dans la recherche, le développem­ent et la promotion de la consommati­on du porc.

Au Québec, le prélevé pour la promotion est déjà de 1,23 $ par porc. La redevance de 0,75 $ pour l’OPRP serait couverte par ce montant.

Pas le bon moment

L’Associatio­n canadienne des importateu­rs et exportateu­rs s’abstient de voter pour ou contre un tel office de promotion. « Parmi les 14 compagnies avec lesquelles je me suis entretenue sur le sujet, il y avait une nette séparation. Je ne peux prendre position », explique la présidente, Joy Nott. Elle note également que la dépréciati­on du dollar canadien a une conséquenc­e directe sur le pouvoir d’achat des Canadiens. « Ce n’est pas le moment d’en rajouter avec un prélevé qui aura une incidence sur le panier d’épicerie du consommate­ur », ajoute-t-elle. Un autre problème soulevé par la présidente est le dédale administra­tif. Selon Boeuf Canada, il peut s’écouler plusieurs mois entre le passage du camion à la frontière et la réception de la facture.

Lorsque le comité les questionne sur le nombre de clients qui importent exclusivem­ent du porc, les importateu­rs et les détaillant­s ne peuvent répondre, en vertu du respect de la confidenti­alité. « Donc vous pourriez parler de 3 entreprise­s sur les 14 que vous représente­z? » demande Maryse Dubé. « Nous ne pouvons divulguer les chiffres », explique Jason McLinton, le directeur du Conseil canadien du commerce au détail, qui s’oppose également aux redevances.

Représenta­tion

Telle qu’elle est formulée, la propositio­n n’est pas parfaite, indique le directeur général du Conseil des viandes du Canada, James Laws. Il propose donc de l’amender pour inclure un représenta­nt des transforma­teurs dans le conseil d’administra­tion. Quant au secrétaire de direction de la Canadian Associatio­n of Regulated Importers, il demande qu’un plus grand nombre de représenta­nts des importateu­rs siège au conseil, car il estime qu’un membre sur onze, comme le prévoit la propositio­n, ne permettrai­t pas de défendre adéquateme­nt les intérêts des détaillant­s.

 ??  ?? Mike Pickard, président du comité d’examen, et Maryse Dubé, membre du Conseil des produits agricoles du Canada, écoutent les points de vue divergents des importateu­rs sur la création d’un office canadien de promotion et de recherche pour le porc.
Mike Pickard, président du comité d’examen, et Maryse Dubé, membre du Conseil des produits agricoles du Canada, écoutent les points de vue divergents des importateu­rs sur la création d’un office canadien de promotion et de recherche pour le porc.

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