La Terre de chez nous

Accord Canada-Europe : Jean Charest prévoit une ratificati­on en 2016

- THIERRY LARIVIÈRE

MONTRÉAL — L’Union européenne pourrait bien ratifier l’Accord économique et commercial global (AECG) avec le Canada dès 2016 ou au début de 2017.

C’est du moins ce que croit l’expremier ministre du Québec et précurseur de l’AECG, Jean Charest, qui s’est exprimé sur cette question dans un point de presse en marge d’une conférence qu’il a donnée sur le libre-échange aux HEC de Montréal le 25 février.

Rappelons que l’AECG prévoit notamment l’importatio­n sans tarif de 17 700 tonnes de fromages fins, ce qui aura un impact important sur les producteur­s de lait du Québec et dans une moindre mesure sur ceux du reste du Canada.

Pour la première fois,

le parlement européen va se prononcer sur un accord commercial.

« J’y crois. C’est cette année que l’accord sera ratifié du côté européen ou peut-être dans la première partie de 2017. La démarche est nouvelle du côté européen. Pour la première fois, le parlement européen va se prononcer sur un accord commercial », affirme Jean Charest, en parlant de cette procédure jamais testée et qui existe depuis le traité de Lisbonne. Les élus du parlement européen voteront d’abord pour ou contre, mais ne pourront pas amender l’accord. « Comme près de 90 % des sujets abordés sont de la compétence de la Commission euro- péenne, l’entente serait à peu près mise en vigueur pendant la période d’approbatio­n des pays membres », explique Jean Charest. Malgré le long processus d’approbatio­n par les 28 parlements de l’Union européenne, l’AECG pourrait donc s’appliquer dès 2016 ou au début de 2017 pendant que les votes des parlements de tous les pays de l’Union européenne s’effectuent.

« Au Canada, les gouverneme­nts provinciau­x devront voter des lois en appui à cet accord parce qu’il y aura une harmonisat­ion à faire », ajoute Jean Charest à propos du processus canadien de ratificati­on, qui devrait être plus simple parce que personne ne conteste.

« Cette question de l’arbitrage est vraiment devenue une question importante. Le Canada étudie un ajustement dans le langage, mais on ne veut pas rouvrir l’entente », précise Jean Charest au sujet des changement­s possibles à l’AECG et notamment au mécanisme de règlement des différends qui suscite de nombreuses critiques, surtout en Europe. « Il faut absolument protéger notre souveraine­té sur ces questions-là. Il n’est pas question d’en faire le commerce », estime l’ex-premier ministre à propos du droit des pays de légiférer sur des questions de santé, d’environnem­ent, d’éducation et de sécurité.

Gestion de l’offre

Jean Charest est pour la gestion de l’offre. « La gestion de l’offre, c’est extrêmemen­t important pour le Canada et en particulie­r pour le Québec », croit l’ex-premier ministre, qui pense que les récentes concession­s à la gestion de l’offre sont « gérables » avec des mécanismes de compensati­on. Jean Charest ajoute que l’ouverture des marchés du lait en Europe a « des conséquenc­es assez dramatique­s pour les producteur­s de lait là-bas ».

 ??  ?? Jean Charest estime que ce « n’est pas vrai que dans notre système capitalist­e, l’ouverture totale est la réponse ». La gestion de l’offre a « bien servi nos intérêts ».
Jean Charest estime que ce « n’est pas vrai que dans notre système capitalist­e, l’ouverture totale est la réponse ». La gestion de l’offre a « bien servi nos intérêts ».

Newspapers in French

Newspapers from Canada