La Terre de chez nous

L’ouverture de la voie maritime ne stimulera pas les prix des grains

- MARTIN MÉNARD

La Voie maritime du Saint-Laurent à partir de Montréal vers les Grands Lacs a ouvert le 23 mars, une occasion de « dégeler » le commerce des grains, penseront certains. Pourtant, rien n’est moins sûr. « L’ouverture de la Voie maritime permettra aux producteur­s de l’Ouest d’exporter leur canola et leur blé, mais ne devrait pas avoir d’impact à court terme sur les prix offerts pour le maïs et le soya du Québec », analyse Dante Manocchio, directeur à la commercial­isation chez Richardson Internatio­nal.

En vérité, plusieurs s’entendent pour dire que les transactio­ns de maïs sont peu nombreuses ces temps-ci au Québec. Devant la conjonctur­e baissière des prix, les acheteurs locaux achètent le strict nécessaire pour combler les besoins en alimentati­on animale, estimant qu’ils pourront bénéficier de prix encore plus bas dans les prochaines semaines. Et à l’internatio­nal, le soya et le maïs en provenance de l’Amérique du Sud et de la mer Noire sont offerts à des prix plus avantageux que ceux exigés par les producteur­s d’ici. Un acheteur d’importance expliquait à la que les vendeurs de grains n’ont pas l’avantage. « Des gens m’appellent pour me vendre leurs céréales et le prix que je leur offre présenteme­nt est pratiqueme­nt gênant, mais c’est le marché, soutient-il. Et dans le cas du maïs, le fait que les producteur­s aient retenu leur récolte dans leurs silos risque de leur causer une mauvaise surprise. »

À Sorel, Dante Manocchio, lui aussi un acheteur, tient les mêmes propos. « C’est très tranquille dans le maïs. Les attentes des producteur­s d’ici sont plus élevées que la réalité du marché. De plus, la légère appréciati­on du dollar canadien n’aide pas à rendre nos prix compétitif­s sur les marchés internatio­naux, explique-t-il. Je le dis aux producteur­s, il ne manque vraiment pas de grains dans le monde cette année et plus le temps avance, plus les fenêtres de transactio­n diminuent pour leur récolte 2015. »

Selon les données d’Andrew Bogora, porte-parole de la Voie maritime du Saint-Laurent, le trafic des grains est en hausse depuis quelques années. Par exemple, en 2008, près de 8 millions de tonnes de grains ont circulé sur la voie maritime, tandis qu’en 2015, ce volume a augmenté à près de 11 millions de tonnes. Le 20 mars correspond habituelle­ment à la date d’ouverture de la Voie maritime; 2016 sera donc dans la moyenne des dernières années.

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La Voie maritime du Saint-Laurent a ouvert le 23 mars, mais cela ne devrait pas avoir d’impact sur les transactio­ns de maïs québécois, qui sont au point mort actuelleme­nt.

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