Entente conclue avec les transformateurs
BOUCHERVILLE — « La belle à marier n’était pas là. »
Par cette phrase, Réjean Julien a bien résumé le sentiment de ses confrères producteurs de lait. Heureux de la conclusion d’une entente avec les industriels, ils en espéraient manifestement davantage, d’où leur réaction mitigée.
Le 30 août dernier, à peine 120 d’entre eux ont assisté à la première rencontre d’information organisée par les Producteurs de lait du Québec (PLQ), à Boucherville. La déception et le mécontentement côtoyaient la satisfaction d’avoir réalisé des gains malgré un contexte difficile.
« J’espère que vous ne vous êtes pas trompés parce qu’il va y avoir du quota à vendre », a déclaré Mario Houle, un producteur de Lanaudière.
« Ce que vous faites n’est pas tout vilain », a pour sa part lancé Réjean Julien à l’endroit des représentants des PLQ. Il a notamment fait remarquer à l’assemblée que les producteurs de lait canadiens touchaient présentement le meilleur prix sur la planète.
Parmi les critiques, un agriculteur a fait valoir que du lait américain continuait de franchir la frontière canadienne, reprochant aux PLQ de ne pas avoir entrepris d’enquêtes à la suite des dénonciations. Bruno Letendre, président, a répliqué que son organisation n’avait pas l’autorité d’agir de la sorte, rejetant le blâme sur le gouvernement fédéral.
Un autre agriculteur a suscité des clameurs en soulignant que les transformateurs s’enrichissent aux dépens des producteurs, et ce, sans que le consommateur puisse en profiter.
« Pourquoi se met-on à quatre pattes devant les transformateurs? » a-t-il demandé.
Le président des Producteurs de lait de Montérégie-Est, Yvon Boucher, s’est dit pour sa part satisfait, convaincu que l’absence d’entente aurait été mille fois pire. De plus, il est persuadé que cet accord va sauver la gestion de l’offre.
« Si vous voulez chialer, chialez après Justin Trudeau qui est bien assis », a-t-il affirmé, suscitant aussi les applaudissements.
Des acclamations ont également salué un jeune producteur qui reprochait aux PLQ « de décider de notre avenir et on n’a pas un mot à dire ».
En ce qui concerne les importations de lait diafiltré des États-Unis, les PLQ ont reconnu que la question n’est toujours pas réglée. Le directeur général Alain Bourbeau a admis que cet élément a joué dans les négociations avec les transformateurs. Sans être illégales, a-t-il déclaré, ces importations sont peut-être immorales.
« Il est possible que vous en voyiez passer encore », a-t-il convenu, en réponse à Claude St-Denis, qui s’inquiétait de voir des « vannes » rouler sur l’autoroute 35 en Montérégie.