La Terre de chez nous

Les producteur­s de lait ont gagné… et perdu

- PIERRE-YVON BÉGIN

BOUCHERVIL­LE — Les producteur­s de lait gagnent et perdent à la fois dans l’entente intervenue avec les industriel­s. D’une durée de sept ans, l’accord de principe prévoit notamment la création d’une nouvelle classe d’ingrédient­s payée au prix mondial et assortie d’une clause anticannib­alisation.

Les Producteur­s de lait du Québec (PLQ) disent avoir réalisé un gain « significat­if » dans la gestion des surplus structurel­s de solides non gras. Jusqu’ici à la charge des producteur­s, ces produits comme la poudre de lait écrémé seront dorénavant sous la responsabi­lité des transforma­teurs. Ces derniers garantisse­nt leur rachat à 100 %, excluant le hors quota.

La clause anticannib­alisation vise à protéger les classes 1 à 3, plus lucratives pour les producteur­s. Elle établit des seuils de paiements selon l’utilisatio­n des produits, processus qui sera vérifié par un bureau d’audit. Sans ce mécanisme, admettent les PLQ, aucun accord n’aurait pu être conclu.

« Sommes-nous gagnants? Selon moi, oui, compte tenu du contexte », a déclaré le directeur général des PLQ, Alain Bourbeau. Celui-ci a notamment rappelé l’inaction d’Ottawa dans le contrôle des frontières et la défection de l’Ontario, qui a conclu une entente en catimini avec deux industriel­s. Un rejet de l’accord par le Québec, pense- t-il, pourrait représente­r « l’autoroute » pour mettre fin à la gestion de l’offre.

« On a arrêté l’hémorragie. Ce n’est pas le Pérou, mais le statu quo était intenable », a pour sa part affirmé Bruno Letendre, président des PLQ. Il a reconnu que la conclusion d’une entente parallèle par ses homologues ontariens avec deux industriel­s avait ébranlé les producteur­s.

« On a pris plus de temps à négocier entre nous qu’avec les transforma­teurs », a-t-il révélé, avec un goût amer dans la bouche. Il est visiblemen­t cha- touillé par certaines positions à l’égard des importatio­ns de lait diafiltré.

« Ils [le gouverneme­nt fédéral] ont peur des Américains, a enchaîné Alain Bourbeau à ce sujet. Le Québec est le seul à revendique­r à pareil niveau. »

Les termes de l’entente de principe ont été acceptés par les divers partenaire­s lors d’une récente réunion des membres du Comité canadien de gestion des approvisio­nnements laitiers (CCGAL). La Commission canadienne du lait représenta­nt le fédéral a réclamé un délai, le temps de vérifier l’impact de l’accord sur son rôle. Elle doit rendre son verdict au plus tard le 15 septembre. Au mieux, espère-t-on, l’entente pourrait entrer en vigueur le 1er novembre prochain ou avant si possible.

Les PLQ s’attendent par ailleurs à un automne « difficile », prévoyant que le prix devrait descendre sous la barre des 70 $/hl, soit à 69,72 $ jusqu’en février prochain. La nouvelle stratégie, préviennen­t-ils, sera encore en déploiemen­t et il faudra attendre 2017 avant de profiter de la totalité de ses bénéfices.

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Alain Bourbeau et Bruno Letendre, respective­ment directeur général et président des Producteur­s de lait du Québec, ont eu fort à faire pour défendre l’entente de principe devant les producteur­s.
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