Deux nouveaux aéroports entre les mains d’Ottawa
Les terres agricoles n’ont aucune protection contre la construction d’aéroports ou d’aérodromes, qu’ils soient publics, comme à Mirabel, ou privés, comme les projets actuels de MascoucheTerrebonne et de Saint-Cuthbert.
Ce type d’infrastructure est sous la juridiction d’Ottawa, qui peut néanmoins bloquer un projet pour des raisons de sécurité ou d’intérêt public. Les promoteurs des deux projets d’aérodromes actuels ont justement été tenus de procéder à des consultations qui sont présentement à l’étude par le cabinet du ministre des Transports, Marc Garneau. Un porte-parole de Transports Canada a indiqué à la Terre que le ministère est « conscient de l’incidence que peut avoir le projet d’implantation d’un aérodrome à Saint-Cuthbert sur l’environnement et les collectivités, et y est attentif. Puisque le site convoité à SaintCuthbert est à l’extérieur d’une zone bâtie d’une ville ou d’un village, aucune certification, autorisation ou approbation n’est requise par Transports Canada. Le ministère continue à suivre la situation de près et évaluera la nécessité d’intervenir en fonction de la Loi sur l’aéronautique ».
« La Loi sur l’aéronautique donne au ministre le pouvoir d’approuver ou de refuser l’aménagement d’un nouvel aérodrome. Advenant un refus, le promoteur devrait apporter des modifications à sa proposition initiale afin que le dossier soit étudié de nouveau, comme un nouveau projet. Une autre consultation serait nécessaire pour que toutes les parties intéressées puissent se prononcer sur cette nouvelle proposition », a ajouté le ministre fédéral.
Le maire et l’UPA doutent
« Je trouve la réponse du ministre cousue de fil blanc et très peu rassurante », a commenté Marcel Papin, président de la Fédération de l’UPA de Lanaudière, à propos de la lettre du ministre Garneau en réponse à celle de l’Union des producteurs agricoles (UPA), qui demandait de mettre fin au projet d’aérodrome privé de SaintCuthbert. Il n’y a pas d’engagement du ministre dans cette lettre, mais plutôt une explication des règles en vigueur. « C’est carrément inconcevable qu’en 2016, il semble plus facile d’implanter un aérodrome en zone agricole qu’un cabanon derrière ta maison », se désole Marcel Papin.
Le maire de Saint-Cuthbert, Bruno Vadnais, ne jette pourtant pas l’éponge. La municipalité s’est adressée à la Cour supérieure pour obtenir une injonction en juin dernier, invoquant la présence sur le site convoité d’un oiseau en péril, soit l’engoulevent bois-pourri. Cette cause doit être entendue le 4 octobre. La municipalité s’attend à ce que la Cour puisse bloquer ou autoriser le projet. Il est également possible qu’une expertise soit demandée sur la présence de l’oiseau menacé et protégé par une loi fédérale.