Il n’y a pas de problème, selon l’Ontario
Limiter l’utilisation du lait diafiltré comme un ingrédient dans la fabrication des fromages n’aurait virtuellement aucun impact sur le revenu des producteurs de lait. C’est l’avis exprimé par le directeur des Dairy Farmers of Ontario (DFO), Peter Gould, dans une lettre expédiée le printemps dernier.
« Ça nous a scié les jambes », reconnaît le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre. Celui-ci avait déjà eu vent de la teneur de cette lettre expédiée en avril dernier, mais n’en a obtenu copie que la semaine dernière. Ses craintes de voir le gouvernement Trudeau s’appuyer sur ce document pour fermer les yeux sur les importations de lait diafiltré semblent s’être concrétisées.
« Le fédéral l’a encadrée, cette lettre, illustre-t-il. Imaginez, une grande province du Canada venait de lui dire de ne rien faire. »
Bruno Letendre juge « très maladroit » l’envoi de cette lettre par Peter Gould. Mentionnons que la fille de celui-ci, Karina, est députée libérale de la circonscription ontarienne de Burlington.
Le président des Producteurs de lait constate l’impatience de ses membres à l’endroit du gouvernement fédéral, qui hésite à faire respecter ses règles. « Ils commencent à être tannés d’attendre », dit-il, faisant allusion à la réaction des producteurs vis-à-vis des appels répétés à la patience lancés par le gouvernement.
Bruno Letendre peut se consoler en partie en raison de la conclusion d’une nouvelle entente nationale avec les transformateurs, incluant les producteurs de l’Ontario. Il souligne que ceux-ci désirent la même chose que les producteurs québécois, soit la croissance du marché. « Ça travaille quand même bien avec le président des DFO, Ralph Dietrich », reconnaît-il.
Bruno Letendre achève d’ailleurs la tournée d’information visant à expliquer aux producteurs québécois la teneur de cette entente. Il admet que ses membres ne montrent « pas plus d’enthousiasme » que lui à l’égard de cet accord, mais déplore le faible taux de participation aux dernières assemblées d’information. « C’est la meilleure des pires solutions », conclut-il au sujet de l’accord de principe, ajoutant qu’il compte aujourd’hui sur un redressement du prix mondial.