La filière agroalimentaire se concerte
Le Grand rendez-vous des décideurs du 14 septembre organisé par l’Union des producteurs agricoles (UPA), le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) et l’Association des détaillants en alimentation (ADA) s’est tenu à la date prévue, mais à huis clos. Aucun journaliste n’était présent, sauf René Vézina, qui animait la journée. Le thème était « Nourrir l’économie du Québec ».
Ce grand rendez-vous était prévu avant l’annonce de la première rencontre préparatoire du Sommet sur l’alimentation, organisée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), qui se tiendra le 21 octobre avec Ricardo Larrivée et sera centrée sur les demandes des consommateurs.
Plusieurs acteurs de l’ensemble de la filière agroalimentaire étaient présents le 14 septembre, si l’on se fie aux réseaux sociaux. Raymond Bachand, de l’Institut du Québec, et Alain Gagnon, de Desjardins, ont fait des discours, de même que plusieurs autres.
« Certains organisateurs qui ont su que ce serait couvert [par des journalistes] étaient inconfortables », a expliqué Marcel Groleau, président de l’UPA, qui ajoute que c’était l’occasion de « faire le point entre nous » dans cette première rencontre de la filière agroalimentaire, qui n’était pas convoquée par le gouvernement. « C’est inédit », lance le président, qui précise que 15 groupes étaient représentés dans les secteurs de la production, de la transformation et de la distribution. Il y avait aussi Option consommateurs et l’Association des restaurateurs du Québec.
« Raymond Bachand nous a conseillé de travailler en filière, en grappe, d’avoir une démarche sectorielle », rapporte Marcel Groleau, qui estime que l’ancien ministre a encouragé la filière à dégager « des objectifs communs et des solutions communes aux problèmes ».
Selon l’UPA, la question de la pénurie de main-d’oeuvre a été abordée par plusieurs participants, de même que celle du soutien à l’investissement. De plus, l’idée de règles fiscales plus avantageuses pour l’amortissement a été soulevée. Marcel Groleau estime que c’était une « bonne journée » de travail et souhaite la tenue d’un nouveau rendez-vous, cette année, qui ciblerait des sujets spécifiques intéressant plusieurs acteurs de la filière. Une rencontre est d’ailleurs prévue cette semaine entre les organisateurs pour faire le point.
« Je crois que ce qui sera défini comme commun fera l’objet de demandes lors des rencontres du Sommet sur l’alimentation », fait valoir Marcel Groleau, qui ajoute « ne pas être en opposition au Sommet ». Il estime que le Grand rendez-vous permet cependant à la filière de travailler de concert, dès maintenant, plutôt que d’attendre au Sommet de l’automne 2017. Marcel Groleau souhaite d’ailleurs que des mesures, notamment pour favoriser l’investissement, puissent être mises en place dans le prochain budget et pas seulement en 2018 comme le prévoit la démarche du gouvernement vers la Politique bioalimentaire du Québec.
CTAQ
« J’ai bon espoir qu’on pourra parler d’une seule voix », a commenté Daniel Vielfaure, directeur général de Bonduelle et président du CTAQ, en entrevue avec la Terre le 15 septembre. Le directeur confirme qu’il y aura d’autres rendez-vous, probablement en 2016, dans le but d’approfondir les sujets communs. « Notre but est de nous présenter au Sommet sur l’alimentation avec une position défendable pour l’ensemble de la filière », indique Daniel Vielfaure en ciblant l’échéance de 2017, soit le moment de la rencontre préparatoire du Sommet sur l’alimentation du MAPAQ. Même s’il n’y a « pas encore de conclusion », le président du CTAQ estime qu’il y avait une « belle unanimité » sur la question de la maind’oeuvre.
AQINAC
« On veut travailler de façon constructive en filière », a commenté Yvan Lacroix, PDG de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), interrogé peu avant le Grand rendez-vous. Yvan Lacroix estime que ce rendezvous « complète » les démarches du Sommet sur l’alimentation, auquel il compte aussi participer, même si le secteur des intrants agricoles n’est pas nommé explicitement dans les rencontres préparatoires à l’agenda. « On fait partie de la transformation, mais en amont de la production », évalue le PDG. Pour ce dernier, les « solutions » qui pourraient émerger de la rencontre du 14 septembre doivent être rapportées au Sommet. « Il faut un travail constructif et positif avec le MAPAQ », insiste le représentant de l’industrie. Pour l’AQINAC, les priorités sont les problèmes de main-d’oeuvre, la stratégie sur les pesticides, le bien-être animal, le travail en filière et la prise en compte des besoins des consommateurs.