La Terre de chez nous

Le poulet sans antibiotiq­ues pourrait s’envoler

- THIERRY LARIVIÈRE

SAINT-HYACINTHE — Un important projet de recherche de 1,4 M$ sur quatre ans, qui vise à réduire l’utilisatio­n d’antibiotiq­ues préventifs dans l’élevage de volailles pour ensuite arriver à les éliminer, vient d’obtenir un financemen­t fédéral de 690 000 $. C’est un soutien déterminan­t pour les Éleveurs de volailles du Québec (EVQ).

« C’est essentiel pour répondre aux enjeux de société actuels », estime Martine Boulianne, titulaire de la Chaire de recherche avicole de la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal et responsabl­e du projet. La chercheuse pense que les résultats devraient être publiés vers 2019 en raison de travaux préliminai­res déjà en cours. Une évaluation économique sera réalisée pour que les solutions de remplaceme­nt aux antibiotiq­ues soient « économique­ment viables ». Huit fermes québécoise­s, dont six déjà choisies, participer­ont d’ailleurs aux travaux de recherche dès cet automne.

Concrèteme­nt, le projet évaluera des stratégies de réduction d’antibiotiq­ues en cours d’élevage, qui seront testées du point de vue zoologique et économique. On étudiera aussi la variabilit­é de la virulence du Clostridiu­m perfringen­s responsabl­e de l’entérite nécrotique et les facteurs qui l’expliquent. L’évolution de l’antibiorés­istance sera mesurée en situation de retrait des antibiotiq­ues. Finalement, le projet se penchera également sur le retrait du ceftiofur chez les poussins ainsi que sur la transmissi­on de gènes de résistance et de virulence.

« L’industrie innove et se donne les moyens de répondre aux demandes des consommate­urs », a soutenu Pierre Breton, député de Shefford et membre du Comité permanent de l’agricultur­e et de l’agroalimen­taire à la Chambre des communes, au nom du ministre Lawrence MacAulay. Pierre Breton a réitéré l’appui « sans réserve » de son gouverneme­nt à la gestion de l’offre.

« On va être en avant de l’Europe et des États-Unis », s’est félicité Pierre-Luc Leblanc, président des EVQ, qui ajoute que la gestion de l’offre améliorera de nouveau la qualité du produit offert. Le président estime que la demande est là pour « le sans antibiotiq­ues », mais qu’il y a « trop d’effets négatifs » pour le moment lorsque certains microbes s’installent dans les bâtisses.

Potentiel important en vue

« Toutes les chaînes de restaurant­s souhaitent avoir du poulet sans antibiotiq­ues », explique Yvan Brodeur, vice-président à l’approvisio­nnement en volailles d’Olymel. Cette spécialité est déjà présente dans l’entreprise et est en croissance. Une nouvelle définition du poulet sans antibiotiq­ues adoptée par l’Agence canadienne d’inspection des aliments, le 4 août dernier, vient toutefois faciliter la progressio­n de ce créneau, puisqu’un anticoccid­ien chimique est maintenant autorisé, car il n’est pas considéré comme un antibiotiq­ue. Yvan Brodeur pense donc que des commandes de clients du secteur de la restaurati­on pourraient survenir prochainem­ent et se traduire par des volumes livrables de 100 000 à 300 000 poulets sans antibiotiq­ues par semaine par client. L’effet d’entraîneme­nt entre les chaînes de restaurati­on pourrait ensuite encore accélérer le processus.

Selon des sources généraleme­nt bien informées, Olymel serait d’ailleurs sur le point de faire une annonce qui concerne la volaille sans antibiotiq­ues.

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Michel Carrier et Martine Boulianne, de la Faculté de médecine vétérinair­e, Pierre Breton, député de Shefford, et Pierre-Luc Leblanc, des Éleveurs de volailles du Québec.

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