La Terre de chez nous

La résistance aux antibiotiq­ues, fléau du 21e siècle

- MARIANNE BISSONNETT­E

Selon une récente étude parue dans le Journal de l’Associatio­n médicale américaine (JAMA), le tiers des antibiotiq­ues administré­s aux humains le seraient inutilemen­t. Qu’il s’agisse d’une erreur de diagnostic ou d’une mauvaise compréhens­ion parentale, le résultat est le même : la résistance des bactéries aux antibiotiq­ues augmente. Mais retrouvet-on le même scénario chez les animaux? Rien n’est moins sûr.

Deux milieux très différents

« Chez les chiens et les chats, certains ont tendance à reproduire ce qui se fait chez l’humain, à cause de la proximité avec le maître, explique Simon Dufour, vétérinair­e et professeur à la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal. Mais chez les animaux d’élevage, la situation est beaucoup plus délicate, parce qu’il faut mettre ceux-ci en quarantain­e pendant un moment, ce qui peut signifier de grandes pertes pour le producteur. »

Il peut cependant arriver que l’on administre en toute connaissan­ce de cause des antibiotiq­ues dans le cas d’une infection virale pour prévenir une surinfecti­on d’origine bactérienn­e. Le complexe respiratoi­re bovin, par exemple, est causé par un virus, mais ce sont les complicati­ons bactérienn­es qui sont les plus dangereuse­s. « Quand les veaux viennent d’être sevrés et qu’ils changent d’étable, le contact avec des microbes extérieurs peut leur faire développer le complexe respiratoi­re bovin, précise M. Dufour. Et si on ne leur donne pas d’antibiotiq­ues pour prévenir les surinfecti­ons, ils meurent. »

De bons coups aussi

C’est la résistance aux antibiotiq­ues que développen­t les bactéries qui inquiète le plus le monde de la santé. Si une trop grande résistance apparaît, certaines maladies bactérienn­es pourraient devenir extrêmemen­t difficiles à traiter. Bien que les animaux d’élevage soient souvent accusés de porter une grande part de responsabi­lité dans ce problème, Simon Dufour se permet de souligner certains bons coups du milieu agricole. « Chez les bactéries qui affectent les vaches laitières, on retrouve très peu d’antibiorés­istance, probableme­nt parce que les producteur­s ne traitent qu’en dernier recours. Mais dans le domaine aviaire, l’industrie a déjà arrêté d’utiliser un antibiotiq­ue afin de protéger l’humain qui utilise ce même antibiotiq­ue. »

En ce sens, l’industrie pharmaceut­ique commence à axer ses priorités sur les traitement­s préventifs plutôt que réactifs. « En agricultur­e, on est très partisans de ce qu’on appelle faire un usage judicieux des antibiotiq­ues, conclut Simon Dufour. On ne suggère pas nécessaire­ment de les réduire ou de les arrêter, mais bien de mieux les utiliser. »

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