Le tournesol au service de l’enseignement
LA POCATIÈRE — Cet été, un vaste champ de tournesols en bordure de la route 132 à La Pocatière a attiré bien des regards. Cette culture est le résultat d’une entente entre la Ferme Pré Rieur, de Saint-Jean-Port-Joli, qui produit une huile de tournesol mi-oléique pressée à froid, et la Ferme-École Lapokita, partenaire de l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA), campus de La Pocatière.
Le principal actionnaire de la Ferme Pré Rieur, Daniel Dubé, avait travaillé à la Ferme-École en 2011-2012. C’est lui qui a contacté le directeur adjoint, Serge Fournier, afin de lui proposer de produire des graines de tournesol pour son entreprise. Celui-ci a présenté le projet aux professeurs de l’ITA, qui ont accepté avec enthousiasme de se lancer dans l’aventure. « Notre mission est de favoriser l’apprentissage et de diversifier nos cultures », souligne Normand Caron, directeur de la Ferme-École. Un tel projet atteignait ce double objectif.
Projet éducatif
À compter du 20 mai, les élèves de première année du programme de gestion et technologies d’entreprise agricole (GTEA) ont réalisé les différentes étapes de la production (semis, préparation du sol et suivi de la culture) sur une superficie de 3,5 ha de terres certifiées biologiques. La récolte prévue pour la mi-octobre sera donnée à forfait, explique le directeur adjoint de la Ferme-École, Serge Fournier.
La Ferme Pré Rieur cultive le tournesol depuis 2010. Elle transforme les graines en huile par pressage à froid depuis 2015 à l’usine de Saint-JeanPort-Joli, sur un pressoir acquis par le Centre local de développement L’Islet. Cette année, la ferme dispose d’une vingtaine d’hectares de tournesol. Ellemême en produit une douzaine et fait affaire avec un producteur biologique de Saint-Roch-des-Aulnaies, Claudel Picard. Comme il faut faire une rotation annuelle des terres dans la culture de tournesol, il est important d’établir des partenariats avec d’autres agriculteurs. Cela permet aussi de répartir les risques et de sécuriser l’approvisionnement au cas où l’un d’eux connaîtrait une moins bonne récolte, explique M. Dubé. « Une bonne récolte donne environ trois quarts de tonne à l’acre », dit-il. Le rendement atteint de 250 à 300 litres d’huile par tonne de graines.
Le défi d’accroître la demande
« Nous avions suffisamment de graines l’an dernier pour produire de 6 000 à 7 000 litres d’huile. Mais comme le marché est en développement, nous n’en avons transformé que la moitié », souligne Daniel Dubé. Ces quantités sont en deçà des capacités de l’usine. Le défi est d’accroître la demande en faisant connaître le produit auprès des consommateurs, ajoute le producteur.
La Ferme Pré Rieur est la seule à l’est de Québec à produire ce type d’huile de tournesol biologique, dont la recette est aussi secrète que celle du colonel Sanders. Dans l’ensemble du Québec, on ne compte que trois ou quatre producteurs-transformateurs, selon M. Dubé.
L’entente avec la Ferme-École pourrait bien être renouvelée l’an prochain, croit Serge Fournier. La culture se ferait alors sur une parcelle voisine de celle utilisée cette année. On pourrait même accroître la superficie. « L’exploitation possède 70 ha certifiés bio », précise Normand Caron.
La Ferme Pré Rieur est sous régie biologique depuis 1989. Certifiée Écocert Canada, elle est spécialisée en produits céréaliers et oléagineux. Outre le tournesol, on y cultive aussi du blé panifiable, de l’épeautre, de l’avoine, du seigle, du soya et des céréales mélangées pour l’alimentation animale. Par le passé, on y a produit du sarrasin, du lin et du chanvre.
Présentement, l’huile de la Ferme Pré Rieur est vendue dans les épiceries entre Québec et Rimouski de même que par l’entremise de terroirsquebec.com.