Les producteurs aimés, mais pas leur agriculture
MONTRÉAL — Appelé à résumer au micro l’un des ateliers s’étant déroulés à huis clos lors de la première rencontre préparatoire du Sommet sur l’alimentation, le 21 octobre, l’agroéconomiste et ancien chef de la direction de La Coop fédérée, Claude Lafleur, a mentionné avoir « senti qu’on aime beaucoup les producteurs, mais qu’on n’aime pas nécessairement l’agriculture qui se fait ». Il n’a toutefois pas précisé ce qui est reproché à l’agriculture, se contentant de parler d’« un écart certain entre les citoyens consommateurs et les producteurs ».
La directrice générale de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), Liza Frulla, a par la suite attribué ce constat à un manque de connaissances du public inondé de messages contradictoires. « Les consommateurs s’imaginent que rien ne se fait; alors il faut les informer », a martelé l’ancienne politicienne, qui a vanté les nombreux efforts qui sont déployés, notamment en matière de bien-être animal.
La parole aux consommateurs
Réunis en table ronde, une quinzaine d’organismes représentant des consommateurs ont fait connaître leurs préoccupations sur des enjeux tels que le marketing agressif qui entoure les aliments sucrés et l’impact du retrait annoncé du fonds Québec en forme sur le financement de petits projets faisant la promotion des saines habitudes de vie auprès des jeunes.
L’Association pour la santé publique du Québec a d’ailleurs dénoncé l’attitude des industriels qui continuent d’ajouter trop de sucre, de sel et de gras dans leurs produits transformés, et ce, malgré la présence de problèmes de surpoids et de maladies chroniques. « L’industrie se doit d’offrir des aliments meilleurs pour la santé, parce que si notre population n’est pas en santé, c’est notre économie qui en souffre! » a lancé le spécialiste de contenu Yves Jalbert. Frédéric Paré, du Regroupement des cuisines collectives, s’est pour sa part inquiété d’un déséquilibre des forces en présence. « Est-ce qu’à l’autre bout de ce processus les consommateurs sont en droit de s’attendre à une politique alimentaire ou est-ce que ce sera une politique du secteur agroalimentaire? » a demandé M. Paré. Sur ce point, le ministre Pierre Paradis a tenu à rassurer l’auditoire. « Ce ne sera pas une politique bioalimentaire traditionnelle, a-t-il insisté. Les neuf autres dont on a parlé n’incluaient pas les consommateurs, mais celle-ci va le faire! »