Des concessions réelles, des gains potentiels
PAGES 4 ET 5
Commentant la signature de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne (UE) survenue le 30 octobre, le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, dénonce le « deux poids, deux mesures » par rapport à différentes règles qui concernent le secteur agricole.
En entrevue la semaine dernière, le président a notamment fait valoir que la reconnaissance par le Canada de 145 indications géographiques protégées (IGP) était une première pour l’UE. En contrepartie, cette dernière n’a pratiquement pas cédé sur les normes risquant de limiter les exportations canadiennes. La question du boeuf contenant des hormones de croissance, qui sera toujours interdit en Europe, en est un exemple, tout comme celle des organismes génétiquement modifiés (OGM). « Toute l’Europe n’est pourtant pas sans OGM; il y en a en Espagne », fait valoir Marcel Groleau. Celui-ci estime que la mou- lée canadienne avec OGM n’aura pas le même traitement que celle qui vient d’Espagne et circule en Europe sans frontière interne. On constate aussi une différence de traitement avec les tests imposés pour le fromage au lait cru, qui sont plus stricts au Canada. « Le Canada n’a pas fait le poids dans ces négociations », lance Marcel Groleau.
Concessions et gains
L’application provisoire de l’AECG devrait se faire au début de 2017, mais les questions sont loin d’être toutes réglées. « Les concessions sont réelles, mais les gains sont seulement potentiels », estime le président de l’UPA, qui demande à nos gouvernements de prévoir un meilleur accompagnement de nos entreprises pour permettre à celles-ci de prendre leur place en Europe. Pour les secteurs du porc et du boeuf, les gains risquent de prendre du temps à se concrétiser et le secteur laitier n’a toujours pas son programme de compensations.
L’accord prévoit que le Canada pourra exporter 75 000 tonnes de porc de plus hors tarif d’ici cinq ans et 65 000 tonnes de boeuf. L’effet de ces deux gains dans la négociation pourrait toutefois prendre du temps à se concrétiser pour des raisons réglementaires, mais aussi parce que le marché européen pour ces viandes est déjà dans une crise de bas prix. Il faut également considérer que le porc et le boeuf européens pourraient aussi être exportés au Canada puisqu’il n’y aura plus de tarif ni de contingent.