La Terre de chez nous

2015 dans le rouge, 2016 catastroph­ique

- PIERRE-YVON BÉGIN

Les dernières semaines ont été catastroph­iques pour les producteur­s de porcs, avec une chute brutale du prix du porc de 65 $/100 kg. Autre tuile, la dernière mise à jour sur l’étude du coût de production vient confirmer qu’ils ont perdu 3,15 $/100 kg l’an dernier.

Effectuée par les Éleveurs de porcs du Québec en partenaria­t avec les Groupes conseils agricoles du Québec, la mise à jour illustre une détériorat­ion majeure en l’espace de deux ans. En 2013, les producteur­s avaient en effet enregistré un profit (solde résiduel positif) de 3,11 $/100 kg.

La mise à jour, basée sur un échantillo­n de 60 entreprise­s naisseursf­inisseurs, démontre que cette détériorat­ion résulte notamment de l’ effet de resserreme­nt des programmes de sécurité du revenu. Rappelons qu’un nouveau modèle de l’assurance stabilisat­ion des revenus agricoles (ASRA) est entré en vigueur en 2014.

Paradoxale­ment, l’étude démontre aussi que les producteur­s ont réalisé des gains de productivi­té importants ces dernières années. De plus, les entreprise­s ont profité des bons prix de 2014 pour réduire considérab­lement leur endettemen­t, la dette totale passant de 64 % des actifs (2009-2013) à 46 % en 2015.

En prévision de leur assemblée générale spéciale et d’un forum stratégiqu­e cette semaine à Québec, les Éleveurs de porcs ont terminé leur tournée régionale des syndicats. Le président David Boissonnea­ult a notamment indiqué être en négociatio­n avec La Financière agricole du Québec afin de verser des avances de compensati­on aux producteur­s le mois prochain. Les Éleveurs espéraient obtenir une réponse positive avant le 24 octobre. Vérificati­on faite, aucun accord n’a été conclu jusqu’ici.

Au cours de la tournée régionale, les Éleveurs ont également abordé la question des marges obtenues par les abattoirs. Si le prix payé aux producteur­s est en baisse, il en va tout autrement des profits réalisés par les abattoirs, devinent-ils. David Boissonnea­ult a notamment indiqué que des discussion­s sont en cours avec Olymel, l’un des principaux acheteurs de porcs au Québec.

Chez un autre transforma­teur important, F. Ménard d’Ange-Gardien, on dit suivre la convention de mise en marché établie en fonction du prix américain. Le responsabl­e des achats, Bruno Girard, estime que la situation actuelle risque d’être de courte durée. L’an prochain, pense-t-il, la capacité d’abattage aux États-Unis va augmenter de 7 millions de têtes, soit le total de la production québécoise, avec l’entrée en service de nouveaux abattoirs.

« C’est la situation de l’automne 1998 qui se répète, analyse-t-il. L’offre a dépassé la demande et on a atteint notre capacité d’abattage. En 2017, ça risque d’être les producteur­s de porcs qui vont en profiter. Ça peut se retourner assez rapidement. »

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L’effet de resserreme­nt des programmes de sécurité du revenu a annulé les gains de productivi­té réalisés ces dernières années.
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