D’un marché saturé à un autre, quelle logique?
Quand allons-nous comprendre que vouloir exporter nos produits sur des marchés déjà autosuffisants ou même saturés ne profite en rien aux producteurs, qu’ils soient européens, canadiens, américains, australiens ou de n’importe où?
Quand allons-nous cesser de faire confiance à de pseudo-défenseurs des agriculteurs qui, consciemment ou inconsciemment, nous poussent à toujours produire plus pour combler des marchés d’exportation présentés comme un Eldorado, avec pour conséquence d’entraîner les prix aux producteurs toujours plus vers le bas? À ce jeu, la plupart se croient plus malins que les autres et croient que leur efficacité, leur volume, leur savoir-faire, etc., vont leur permettre de compétitionner l’autre même chez lui, dans son propre pays, à des milliers de kilomètres. Quel producteur peut penser une seconde que de faire mourir un autre producteur va lui permettre d’améliorer son sort? Le seul sort qui va s’améliorer est celui des grands cartels de l’alimentation, qu’ils soient de la viande, du lait ou je ne sais de quels autres secteurs.
Par l’entremise de nos représentants politiques et parfois même syndicaux, les industriels font croire aux Canadiens qu’ils vont pouvoir, par exemple, exporter de la viande sur le marché européen. Et ces mêmes industriels font croire aux Européens qu’ils vont pouvoir exporter sur le marché canadien. De qui se moque-t-on? Sommes-nous tous devenus aveugles? La surproduction permet juste à une extrême minorité d’engranger toujours plus de profits en se procurant la matière première toujours moins cher, tout en réduisant toujours plus les agriculteurs à l’asservissement.
Il est grand temps que les producteurs se parlent et soient solidaires les uns des autres, de quelque pays qu’ils soient. De tout temps, les échanges commerciaux logiques les ont bien servis et ça doit continuer. Jamais on ne fera pousser de bananes au Canada ou en Europe. Mais pourquoi envoyer de la viande des parcs d’engraissement saturés de l’Alberta vers la Belgique, berceau du Blanc bleu belge, dont le marché est également saturé, ou vice-versa?
Pourquoi envoyer du fromage de l’Europe vers le Canada, où la variété et la qualité sont excellentes, tout en faisant croire aux Canadiens qu’ils vont pouvoir écouler leur montagne de poudre de lait vers l’Europe ou ailleurs, en acceptant une clause où ils vont appliquer le prix le plus bas de n’importe quel pays au monde? Comme si les autres pays n’en avaient pas déjà assez... Le seul but est de tirer les prix toujours plus vers le bas!
Et si l’on parlait des normes, les fameuses normes, celles qui permettent d’exporter chez les autres, mais qui ne permettent à personne d’aller sur son marché et qui donnent un sentiment d’invulnérabilité? Le problème, c’est qu’à peu près tous les producteurs du monde se font dire la même chose.
Wake up! Réveillons-nous! Les producteurs de partout doivent se conscientiser, être solidaires et se parler plutôt que de se croire plus brillants que les autres. C’est une question de survie.