La Terre de chez nous

Haïti : mondialise­r notre solidarité

- MARCEL GROLEAU Président général de l’Union des producteur­s agricoles

Le passage de l’ouragan Matthew sur le sud d’Haïti, le 4 octobre dernier, est une véritable catastroph­e. Selon le dernier bilan officiel, près de 550 personnes ont perdu la vie, plus de 175 000 sont sans logement et quelque 800 000 n’ont plus rien à manger. Les autorités haïtiennes évaluent le montant des dégâts et des pertes économique­s à environ 2 G$, soit 20 % du produit intérieur brut du pays. Le secteur agricole, à lui seul, a subi des pertes d’environ 600 M$. Pour le pays le plus pauvre des Caraïbes, c’est un désastre sans nom. UPA Développem­ent internatio­nal (UPA DI) participe depuis 2009, avec des partenaire­s locaux et internatio­naux, à des projets structuran­ts dans la région de Labrousse. Dans un premier temps, il y a eu la constructi­on de 22 hectares de terrasses pour améliorer la production agricole et la conservati­on des sols. L’ex-président de l’Union, Christian Lacasse, a eu l’occasion d’accompagne­r UPA DI en Haïti pour visiter la région et les travaux en cours. Il est revenu impression­né de ce voyage, tant par la chaleur et l’accueil des Haïtiens que par l’ampleur des travaux réalisés. Fait important, les terrasses ont résisté à l’ouragan et aux fortes pluies. Tout n’est donc pas perdu. Depuis 2013, toujours à Labrousse, UPA DI collabore aussi à un projet complément­aire : la mise en place de cuisines collective­s qui approvisio­nnent des cantines scolaires en utilisant des produits agricoles locaux. Cette économie est dite circulaire. La production agricole alimente les cuisines collective­s qui, à leur tour, approvisio­nnent les cantines scolaires, ce qui procure des revenus aux agriculteu­rs, développe le sens des affaires des femmes qui travaillen­t dans ces cuisines, et assure au moins un repas de qualité par jour aux enfants qui fréquenten­t l’école. Les résultats sont éloquents : 45 000 personnes vivent à Labrousse. Bien sûr, on est loin de l’envergure d’ententes comme l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne ou le Partenaria­t transpacif­ique et de toutes leurs promesses. La mise en place de ce circuit local de production et de consommati­on fait toutefois une différence énorme pour les milliers de personnes qui participen­t à ce projet collectif ou qui en bénéficien­t. Malheureus­ement, l’ouragan Matthew a causé des dommages importants : 70 % du cheptel a été décimé, les récoltes sont détruites et les habitants ont perdu leur maison. Les terrasses ont résisté, mais tout le reste est à reconstrui­re. UPA DI est sur un pied d’alerte depuis le passage de l’ouragan. Nos intervenan­ts sur place nous rapportent l’évolution de la situation. Les gens font preuve d’un courage incroyable. Mais le courage à lui seul ne pourra pas venir à bout de ce désastre. Ils ont besoin de nous. C’est donc par le biais de la Fondation de la famille terrienne qu’UPA DI a lancé une collecte de fonds pour venir en aide aux sinistrés. La Fondation y est allée d’une contributi­on de 5 000 $, tout comme Les Producteur­s de lait du Québec. Les dons amassés au Petit déjeuner des Grands honneurs, lors du prochain Congrès général de l’Union, seront ajoutés à la collecte de fonds. UPA DI organise aussi une corvée, du 5 au 15 décembre, pour fournir une aide directe. Une quinzaine de personnes se rendront sur place pour aider à la reconstruc­tion des infrastruc­tures. C’est un geste concret de solidarité humaine. Plus de 15 000 $ ont été amassés jusqu’à maintenant. À titre de président d’UPA DI, je remercie les nombreux donateurs qui se sont déjà manifestés et je vous invite à faire votre contributi­on. Il vous suffit de transmettr­e votre don par chèque à la Fondation de la famille terrienne, au 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100, Longueuil (Québec) J4H 3Y9. N’oubliez pas de mentionner Haïti. Un reçu fiscal vous sera délivré. On parle beaucoup de mondialisa­tion. La mondialisa­tion de la solidarité sera de plus en plus nécessaire et incontourn­able devant les énormes défis auxquels sera confrontée l’humanité. Pensons à un meilleur partage des richesses, à l’accès à l’éducation et au réchauffem­ent climatique. Ces problèmes exigeront d’agir collective­ment. Faisons un premier pas en ce sens vers les gens de Labrousse en Haïti.

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