Dans la rue contre la hausse des taxes
– Pierre Paradis
Pendant que le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, est questionné à Québec sur son administration du dossier des taxes foncières, 400 producteurs manifestent à Québec et à son bureau de comté.
QUÉBEC — Pierre Paradis doute que les producteurs agricoles aient à subir des augmentations de 30 à 40 % à la suite des modifications apportées au Programme de remboursement des taxes foncières agricoles.
« C’est faux », a martelé vendredi matin à l’Assemblée nationale le ministre de l’Agriculture du Québec. Celui-ci était interpellé par l’opposition officielle et le député de Berthier André Villeneuve quant à la possibilité de retarder d’un an l’entrée en vigueur des changements au programme. Les échanges ont été souvent acrimonieux, le ministre accusant le député de « ne pas savoir compter », l’autre lui répliquant que l’agriculture se porterait mieux sans lui.
« Je veux bien entendre 30 à 40 % d’augmentation, mais si c’était vrai, je serais en train de manifester moimême devant mon propre bureau à Cowansville », a lancé le ministre en boutade. Tableau à l’appui, il a indiqué que son gouvernement prévoyait injecter 22,5 M$ supplémentaires en trois ans dans ce programme. Il s’est notamment réjoui du fait que 2 500 petits producteurs pourront dorénavant en profiter. Si certains devaient subir des hausses, croit le ministre, ils pourront les récupérer par leur inclusion dans les coûts de production.
Le ministre se montre-t-il réceptif à la demande de l’Union des producteurs agricoles et de la Fédération québécoise des municipalités de reporter les changements d’un an? Le ministre a répliqué à la Terre ne pas avoir reçu leurs évaluations, répétant que « 30, 40, 50 %, ce n’est pas vrai ».
Tempête
En conférence de presse avant l’interpellation, le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, a invité le gouvernement à se rasseoir avec les producteurs agricoles et les municipalités afin de trouver un arrangement. Il souligne notamment que les modifications au programme surviennent à un bien mauvais moment pour les agriculteurs. Ceux-ci, dit-il, doivent déjà composer avec les pertes engendrées par les importations de lait diafiltré des ÉtatsUnis et celles à venir découlant de l’arrivée des fromages fins d’Europe. « C’est comme une tempête parfaite, il ne faut pas en rajouter », a affirmé Jean-François Lisée.
Le député de Berthier et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, André Villeneuve, a pour sa part rappelé que le gouvernement prévoyait une réforme du programme « à coût nul ». Il a de plus reproché au ministre Paradis d’avoir abdiqué ses responsabilités en acceptant d’en confier la tâche à son collègue des Finances.
« Le ministre a fait une télétransportation, mais il y a eu des mutations dans les paramètres », a ridiculisé André Villeneuve, reprochant au ministre de ne pas avoir analysé les conséquences de la réforme.
Les résultats, a-t-il ajouté, « vont être cauchemardesques pour le monde agricole », puisque 83 % des fermes (21 389) seront touchées.
Les échanges ont été souvent acrimonieux, le ministre accusant le député André Villeneuve de « ne pas savoir compter ».