Le bio a aussi la cote dans le lait
DRUMMONDVILLE — Si la tendance se maintient, 13 nouvelles fermes laitières pourraient adopter le mode de production biologique l’an prochain. L’intérêt est si grand que 14 autres emboîteraient le pas les années suivantes, ce qui engendrerait une hausse du nombre de producteurs bio de 25 % en trois ans.
« On est fiers d’être producteurs biologiques et il y a de la place pour de nouveaux joueurs », ont conclu Éric et Dany Poulin. Les deux frères, propriétaires de la Ferme Anrylin à Saint-Édouardde-Lotbinière, étaient conférenciers au 40e Symposium sur les bovins laitiers. Un participant à l’événement a demandé si toutes les fermes laitières devraient pour autant adopter la régie biologique.
« Non, parce que les prix baisseraient, a répondu Éric sans hésitation. Le biologique, ce n’est pas pour tout le monde. Tu te lèves le matin et tu ne sais pas ce qui va se passer. »
La présidente du Syndicat des producteurs de lait biologique du Québec, Linda Labrecque, était également conférencière. À l’écart des micros, elle a confié qu’elle aurait aimé bonifier la réponse d’Éric Poulin.
« Ce serait souhaitable si tout le Québec devenait biologique, a-t-elle déclaré. Il y aurait moins de problèmes de contamination et de dérives de pesticides. »
Les Poulin ont mentionné que la cohabitation s’avérait facile à la Ferme Anrylin. Leur voisin, un producteur conventionnel, a accepté de ne pas « arroser » ses cultures, le temps de voir grandir la haie brise-vent.
Prime bio
Comme en font foi les résultats des analyses du Groupe conseil agricole (GCA) Beauce-Frontenac, la Ferme Anrylin est l’une des plus rentables de sa région, un argument massue pour choisir la régie biologique. Grâce à la prime bio, les Poulin reçoivent un prix 20 % supérieur pour le lait livré, ce qui représente une marge de 200 $ de plus par vache.
« Oui pour la prime bio et l’élimination des pesticides et des engrais chimiques pour la santé des sols, mais c’est beaucoup de travail et surtout beaucoup d’observations », nuance Éric.
Le rendement de leur actif, soit le bénéfice avant intérêts, divisé par la valeur marchande de la ferme, se situe à 6,1 %. C’est pratiquement le double des 3,7 % du groupe de tête des producteurs en régie conventionnelle relevés par le GCA.
Les propriétaires tirent ainsi avantage d’un important effet de levier financier, considérant qu’ils génèrent un rendement supérieur à leurs emprunts, les taux d’intérêt se situant aujourd’hui sous les 3 %. Les derniers résultats financiers leur ont d’ailleurs permis de devancer leur plan de modernisation par la transformation et l’agrandissement d’une grange pour adopter la stabulation libre. L’arrivée des robots de traite est prévue pour l’an prochain.
« Ça va devenir la Ferme Anrylin et Filles », plaisantent Éric et Dany, heureux de pouvoir consacrer plus temps à leur jeune famille, comptant uniquement des filles.
Bons et mauvais coups
Les producteurs estiment que l’adhésion à la Coopérative d’utilisation de matériel agricole de Ste-Croix/ St-Édouard pour l’achat et le partage de la machinerie, sauf les tracteurs, figure parmi leurs bons coups. L’acquisition d’une batteuse réservée à six producteurs bio permet ainsi d’éviter le nettoyage de la machine entre chaque utilisation. De plus, ils considèrent que les vaches acceptent plus facilement la hiérarchisation par l’accès au pâturage en bas âge.
« Il ne faut pas semer trop tôt, car ça amène plein de mauvaises herbes », a par ailleurs affirmé Dany, qui en a déjà fait l’expérience.