La grande séduction des vignobles québécois
MONTRÉAL — De son propre aveu, Paul Gagnon n’était pas très friand des vins d’ici. Mais la Fête des vins du Québec, tenue à Montréal, a ébranlé les convictions de ce fin connaisseur. Comme lui, quelques milliers d’amateurs sont allés à ce rendez-vous pour juger des progrès des vignerons de chez nous.
« Je suis agréablement surpris », a confié M. Gagnon, tout sourire, une coupe à la main. Il arrivait tout juste de l’Outaouais pour passer en revue les millésimes proposés par les 30 vignerons réunis dans le hall central du Complexe Desjardins à la dernière fin de semaine d’octobre.
« J’ai toujours aimé les vins blancs du Québec, mais j’ai eu de mauvaises expériences avec les rouges, il y a quelques années. Ils finissaient invariablement dans le boeuf bourguignon. Mais là, je sens que je dois me remettre à jour », a avoué cet oenophile, qui est allé visiter des vignobles en Europe près de 20 fois ces dernières années.
Nouvelle notoriété
Cet enthousiasme n’est pas anecdotique, selon Yvan Quirion, président de l’Association des vignerons du Québec. Les vins québécois, propulsés par l’intérêt soutenu de la jeune génération à leur égard, connaissent une hausse rapide de notoriété depuis quelques années.
« Les 35 ans et moins sont des ambassadeurs extraordinaires pour nous. Ils n’ont aucun préjugé défavorable à l’endroit de nos vins, contrairement aux générations précédentes, qui ont de fortes appréhensions. Ils ne jugent pas, eux, toute la production à partir d’un ou de deux mauvais vins. »
En plus d’être séduite par la typicité des vins d’ici, la jeune génération considère également dans ses critères d’achat le développement durable, l’achat local et la proximité avec les producteurs, a souligné M. Quirion.
Ce qui a aussi contribué à la notoriété des vins d’ici, c’est la création de la certification Origine Québec. Celle-ci est attribuée seulement aux vins de qualité contrôlée et constitue un argument de vente important. « En prenant un virage Origine Québec, la SAQ a fait beaucoup avancer la notoriété des vignobles québécois », a ajouté M. Quirion.
Croissance
Selon les chiffres de la SAQ, la vente de vins québécois a grimpé de 70 % en 2015. Il est donc permis de croire que cette industrie va croître rapidement dans les prochaines années, estime Daniel Lalande, président de la Fête des vins du Québec et propriétaire du Vignoble Rivière du Chêne. « On a environ 500 hectares de vignes ici aujourd’hui. Plusieurs d’entre nous pensent que ça va doubler dans les 5 à 10 prochaines années grâce au programme rétabli par le ministre des Finances Carlos Leitão. »
Rappelons que le Programme d’appui au positionnement des alcools québécois (PAPAQ), qui permet aux vignerons de recevoir près de 4 $ pour chaque bouteille vendue à la SAQ, avait été aboli l’an dernier par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, mais a été rétabli à l’initiative du ministre Leitão.
« Je considère l’industrie viticole comme très importante pour l’économie régionale. Par sa proximité avec les grands bassins de population, elle a un fort potentiel de développement récréotouristique. C’est pourquoi j’y ai apporté mon grain de sel », a expliqué le ministre Leitão, lors de son passage à l’événement.