Femmes de lettres
Comment ne pas éprouver de la nostalgie à la pensée des Filles de Caleb? Ce grand roman populaire, doublé d’une inoubliable série télé, a su faire battre le coeur des Québécois à l’unisson. Qui ne se rappelle pas Émilie Bordeleau et Ovila Pronovost, le couple fétiche de cette saga? Dans Chère Arlette (Libre Expression), Émilie, Ovila, leur fille Blanche et plusieurs autres personnages du roman revivent, le temps d’écrire une lettre à leur auteure Arlette Cousture. Qu’ils ne ménagent pas, c’est le moins qu’on puisse dire. Prenez Henri Douville, le malheureux prétendant d’Émilie : « … c’est bien parce que vous m’avez créé que je m’octroie le droit de vous en remercier tout en vous maudissant. » Et Ovila de renchérir : « Des fois, je me demande si t’aimes les hommes ou pas. Tu passes ton temps à nous massacrer. » Quant à Émilie, le regard qu’elle porte sur ses amours n’est-il pas poignant? « J’ai aimé cet homme à la folie, mais à y repenser, je ne crois pas que nos folies se soient fréquemment rencontrées. Je dirais qu’elles se sont à peine croisées. » Si Les filles de Caleb vous habitent toujours, vous adorerez ces lettres à cette chère Arlette.
Une écriture efficace et pleine d’allant. Une histoire menée tambour battant, celle de deux jeunes gens en fuite. Déserteur de la Première Guerre, Damase se cache pour éviter la conscription, tandis qu’Edwina déguerpit de chez elle pour ne plus avoir à subir la violence paternelle. Après une rencontre fortuite dans la cabane d’une érablière, chacun reprend sa route. Dès lors, on se doute bien qu’ils vont se recroiser un jour, ce qui advient au second tome, après un détour aux États pour Damase et à Montréal pour Edwina. Dilemmes moraux, imbroglio amoureux et histoires d’héritages vont bouleverser leur vie comme celle de fameux personnages secondaires qu’on n’oubliera pas de sitôt. Les deux tomes de La marche des nuages de Josée Ouimet (Hurtubise) sont offerts ensemble en tirage.
Un roman grand public qui sait être profond et littéraire sans jamais cesser d’être accessible. Une écriture vibrante traversée de coups de génie, d’audaces, de trésors d’expression pour raconter la vie dans ce qu’elle a d’ordinaire, mais d’extraordinaire aussi. Une chronique familiale, celle de la famille Deschamps, à Saint-Jérôme et Montréal au tournant des années 1950. Des personnages attachants qui se heurtent lors de scènes de confrontation à ce point mémorables qu’on en oublie de respirer. En toile de fond, les premiers soubresauts de la révolution tranquille, si souvent évoquée, mais rarement racontée, du moins de cette manière. Quand Rodrigue revint de guerre (Druide) est la suite d’Écris- moi Marie-Jeanne, premier roman de Ginette Durand-Brault et l’un de mes grands coups de coeur de l’année 2013. L’enchantement se poursuit. À qui la chance de les obtenir tous les deux en tirage?