La Terre de chez nous

La fermeture des sentiers de motoneige est évoquée

- PIERRE-YVON BÉGIN

BROMONT — Les sentiers de motoneige et de quad seront-ils de nouveau bloqués l’hiver prochain comme moyen de pression dans le dossier des taxes foncières? Cette éventualit­é a été évoquée lors de l’assemblée générale annuelle de la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec le 16 novembre dernier, à Bromont.

« Si les producteur­s sont prêts, on va y aller », a déclaré le 1er viceprésid­ent de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Pierre Lemieux, au sujet de cette possibilit­é. Le viceprésid­ent témoignait de l’exaspérati­on du milieu agricole devant la hausse appréhendé­e des taxes foncières à la suite des changement­s apportés par Québec au Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA).

Le producteur de Cap-Saint-Ignace au Bas-Saint-Laurent Pierre Lemieux a promis d’être l’un des premiers à fermer les sentiers passant sur les terrains de son entreprise. Il a notamment parlé d’un sentier conduisant à ce que les gens de sa région nomment le Pain de Sucre.

« Norbert Morin, tu es responsabl­e de la fermeture de ce sentier », se proposet-il d’écrire sous la photo du député de Montmagny-L’Islet, qui apparaît sur la pancarte ordonnant le blocage du sentier.

Les délégués de la Fédération ont d’ailleurs adopté unanimemen­t une résolution d’appui à l’UPA dans ses efforts pour reporter d’un an la réforme du Programme. La présidente du Syndicat des producteur­s acéricoles du Bas-Saint-Laurent–Gaspésie, Sylvie Laliberté, a confirmé qu’un nouveau blocage des sentiers de motoneige était envisagé. « On commence à parler de ça », a-t-elle reconnu.

Terres publiques

Les producteur­s de sirop d’érable sont par ailleurs visiblemen­t enthousias­tes à l’idée de mettre en production les 5 millions d’entailles supplément­aires accordées par la Régie. De ce nombre, le tiers des futures entailles doit être installé dans des érablières situées en terres publiques.

Or, rapportent quelques acériculte­urs, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs ne sera visiblemen­t pas en mesure de déterminer les endroits où les acériculte­urs pourront installer leurs tubulures avant janvier et même avril prochain. Résultat, peu de nou- velles entailles pourront produire de l’eau d’érable au printemps en terres publiques.

« Ça brette », a témoigné Jonathan Blais, de l’Estrie. « Il est trop tôt pour préciser combien de nouvelles entailles pourront être mises en production », indique Serge Beaulieu, président de la Fédération.

Par ailleurs, ce dernier désespère de recevoir une réponse de Québec quant au financemen­t de la réserve stratégiqu­e. Le ministre de l’Agricultur­e, a-t-il révélé, relie sa participat­ion à ce financemen­t à l’ouverture de la Fédération à séparer les ventes au détail du contingent­ement. « Est-ce que le ministre veut financer la réserve stra- tégique? demande Serge Beaulieu. Il dit que oui, à la condition que... On est rendus à l’étape où il doit être clair. »

Les délégués, dont certains rêvent de donner un rôle « offensif » à la réserve, ont choisi par résolution de former un comité de travail afin d’analyser les modalités des ventes au détail. La Fédération avait suggéré des innovation­s à ce chapitre dans le mémoire soumis à l’enquêteur spécial de Québec, Florent Gagné. « Je ne veux pas voir ce nom dans la résolution », a exigé le président du syndicat de Lanaudière, Rolland Urbain.

Plomb, convention et bio

Autre défi d’importance, les producteur­s de sirop d’érable devront se conformer d’ici 2021 aux normes californie­nnes sur la présence du plomb en alimentati­on, qui sont de 11 parties par milliards (ppb). Les acériculte­urs entendent se plier à cette norme, mais demandent l’aide des gouverneme­nts afin d’apporter les correctifs néces- saires. Serge Beaulieu précise que les producteur­s respectent déjà la norme de 250 ppb, soit la moitié moins que celle imposée par Santé Canada.

Serge Beaulieu a aussi fait le point sur les négociatio­ns avec les industriel­s relativeme­nt à la prochaine convention de mise en marché. Il se dit sûr d’en arriver à une entente négociée. Parmi les sujets discutés, notons l’inclusion des nouvelles classes de sirop (doré au goût délicat et autres). L’entreprise Decacer, de Dégelis au Témiscouat­a, les utilise déjà sur ses étiquettes.

Le sirop d’érable biologique semble particuliè­rement populaire et fait l’objet d’une forte demande. La production est écoulée chaque année, de sorte que la réserve de sirop biologique est à sec depuis 2015. Cette situation, formulet-on comme hypothèse, aurait amené les acheteurs à s’approvisio­nner davantage aux États-Unis. En règle générale, les importatio­ns variaient entre 2 et 4 millions de livres. Or, il semble qu’elles atteignent aujourd’hui 6 millions de livres.

« La grosse demande provient de Costco, explique Simon Trépanier, directeur général de la Fédération. La chaîne cherche d’abord la traçabilit­é qu’offre le biologique. »

Serge Beaulieu a fait le point sur les négociatio­ns avec les industriel­s relativeme­nt à la prochaine convention de mise en marché.

 ??  ?? Le 1er vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux, s’est amusé à revêtir d’un chandail et d’une casquette de la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec une effigie du ministre Paradis.
Le 1er vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux, s’est amusé à revêtir d’un chandail et d’une casquette de la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec une effigie du ministre Paradis.

Newspapers in French

Newspapers from Canada