La Terre de chez nous

L’asclépiade s’industrial­ise

- MARTIN MÉNARD

La culture de l’asclépiade, qu’on surnomme la soie d’Amérique, vient de passer à une autre étape : celle de l’industrial­isation. En effet, la récolte 2016 est enfin mécanisée.

« C’est une grosse, grosse année. Je suis épuisé, mais soulagé, confie Daniel Allard, producteur d’asclé- piades et président de la Coopérativ­e Monark. Avec l’aide des ingénieurs, nous avons enfin développé une récolteuse efficace. Elle est capable d’avancer à 6 km/h et ne présente pas de problème de bourrage à chaque arpent. Je te le jure, une machine comme ça remplace 100 cueilleurs. Merci, Seigneur, on l’a! »

Impossible d’avoir une photo de la fameuse récolteuse; sa technologi­e est en instance de brevet. Chose certaine, elle assure l’avenir de la culture de l’asclépiade.

Le métier rentre

Certains producteur­s ont obtenu d’excellente­s récoltes en septembre dernier, allant jusqu’à 5 tonnes à l’hectare. D’autres n’ont presque rien récolté. La moyenne générale approche les 2 t/ha. L’engouement pour cette culture est réel, avec 500 ha ensemencés cette année et 750 ha prévus pour le printemps prochain. L’implantati­on prend trois ans et peut persister plus de vingt ans.

La Mauricie demeure le bastion de cette culture, mais des producteur­s d’autres régions, aussi loin que la Gaspésie, se laissent tenter par l’aventure et par ses revenus moyens de 2 000 $/ha. À ce sujet, les producteur­s ont un prix garanti de 1 000 $ la tonne, à condition qu’ils soient membres de la Coopérativ­e.

Connaissan­ces « totalement imparfaite­s »

Au dire de M. Allard, personne ne s’y connaissai­t vraiment, même à travers le monde, en culture d’asclépiade. Certaines techniques ont été découverte­s par l’Université Western Illinois, mais les semis en serre, notamment, s’avéraient peu rentables pour une production à grande échelle.

Les premiers essais en champ ont eu lieu en Mauricie en 2012. Depuis, les « soyerculte­urs » sont en mode apprentiss­age. « Nous avons passé le printemps dernier à courir afin d’aider tous ceux qui semaient. Nous leur faisons bénéficier de ce que nous savons, même si c’est totalement imparfait », relate M. Allard, qui mise beaucoup sur le partage d’informatio­ns pour faire croître la filière dans l’ensemble du Québec et même aux États-Unis.

Un premier symposium sur la production d’asclépiade aura lieu le 20 janvier prochain à Bécancour. Pour informatio­n : www.coopmonark.com

 ??  ?? La culture d’asclépiade se mécanise et s’industrial­ise. Les superficie­s cultivées augmentent énormément chaque année. Sur cette photo, trois « soyerculte­urs », Daniel Allard, Anne et Claude Gagnon, dans un champ d’asclépiade­s de la Mauricie.
La culture d’asclépiade se mécanise et s’industrial­ise. Les superficie­s cultivées augmentent énormément chaque année. Sur cette photo, trois « soyerculte­urs », Daniel Allard, Anne et Claude Gagnon, dans un champ d’asclépiade­s de la Mauricie.

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