La Terre de chez nous

Une étude de la Coop confirme le pire scénario

- PIERRE-YVON BÉGIN

La Coop fédérée confirme les pires craintes. Les producteur­s agricoles devront assumer de leur poche des augmentati­ons de taxes foncières pouvant aller jusqu’à 127 %!

Une étude réalisée par la firme Forest Lavoie à la demande de La Coop fédérée révèle que producteur­s agricoles se retrouvero­nt avec une facture salée à la suite de la réforme du Programme de crédit de taxes foncières agricoles. Par exemple, une ferme maraîchère de Montérégie-Ouest, dont la valeur des immeubles agricoles frôle les 6 M$, verra son compte de taxes nettes augmenter de 9 448 $, soit de 63 %. Dans le cas d’une ferme porcine dans la région de Lanaudière dont l’évaluation s’élève à 1,1 M$, la hausse atteindra 1 337 $, soit 80 %.

Forest Lavoie conclut ainsi que « les impacts du programme annoncé seront plus importants pour les entreprise­s comportant d’importante­s valeurs en bâtiments agricoles ». Les entreprise­s qui reçoivent actuelleme­nt un crédit supérieur à 78 %, donc celles dont la valeur des terres est importante, « seront également pénalisées ».

La firme d’experts indique que ses analyses ont été réalisées sur la base des rôles d’évaluation actuels. Ses résultats, précise-t-elle, pourraient différer de ceux de l’Union des producteur­s agricoles (UPA) en raison de la valeur des terres considérée­s. La Terre a obtenu copie de l’étude, mais La Coop fédérée a jugé préférable de ne pas la commenter. La semaine der- nière, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a de son côté soutenu que la base de calcul de l’UPA était « erronée ».

« Les chiffres sont bons! »

N’en déplaise au premier ministre, la réforme du Programme va se faire « sur le dos des producteur­s », soutient le président de l’UPA, Marcel Groleau. « Les chiffres sont bons », martèle-t-il. La seule façon d’en mesurer adéquateme­nt les conséquenc­es, soutient-il, consiste à appliquer le nouveau critère, soit 78 % du remboursem­ent, au compte de taxes 2016. Le gouverneme­nt, notet-il, arrive à un plus petit écart en le juxtaposan­t à 2017 et en tenant compte d’un ajout de 8 M$. « Je pense qu’on dit la même chose, constate le président de l’UPA. Ça va coûter plus cher pour 80 % des producteur­s par rapport à ce qu’ils paient aujourd’hui. »

Il a d’autant plus de difficulté à comprendre l’intention du gouverneme­nt que ce dernier estime que 2 500 nouveaux propriétai­res seront dorénavant admissible­s au Programme. « Ce n’est pas vrai qu’il y a 2 500 producteur­s agricoles en devenir », proteste Marcel Groleau, qui juge que de 600 à 1 000 producteur­s, tout au plus, sont aujourd’hui exclus du Programme. Il accepte volontiers de les inclure, mais croit que les changement­s proposés par Québec vont surtout avantager des gentlemen-farmers.

Le président de l’UPA indique avoir rencontré le ministre des Finances, Carlos Leitão, à ce sujet. Il devait le revoir une seconde fois avant le congrès de son organisati­on cette semaine à Québec.

« Il y a comme un entêtement du gouverneme­nt à aller de l’avant avec sa propre réforme, sans consultati­on, déplore Marcel Groleau. Il va y aller sur le dos des producteur­s agricoles, surtout les petits et ceux qui habitent dans les régions où les terres ont pris de la valeur. »

Notons que les délégués au congrès auront à débattre de deux résolution­s d’urgence, dont une concernant le report de la réforme du Programme. La seconde porte sur la nécessité d’un plan d’investisse­ment en agricultur­e.

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Le ministre des Finances, Carlos Leitão.

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