La Terre de chez nous

Saint-Zénon blâmée pour avoir empiété sur une terre privée

- ARIANE DESROCHERS

La Cour supérieure vient de donner raison à Réjean Rivest, propriétai­re d’une petite érablière à Saint-Zénon dans Lanaudière, qui dénonçait depuis 2009 le déboisemen­t sauvage par la Municipali­té d’une portion de sa terre pour permettre le passage de quads et de motoneiges.

La Municipali­té devra lui verser plus de 50 000 $ pour entre autres reboiser le secteur sur lequel elle a empiété en 2004 lors de l’aménagemen­t d’un sentier destiné à attirer les véhicules récréatifs vers les commerces du village. « La véritable cause des dommages est la négligence et l’insoucianc­e de la Municipali­té, qui n’a procédé à aucune vérificati­on ou investigat­ion en vue de déterminer les limites exactes du sentier », écrit le magistrat Pierre Labelle dans son jugement du 27 février.

Le juge estime que Saint-Zénon a fait preuve de témérité en déboisant aussi rapidement. « La preuve démontre l’empresseme­nt à ouvrir ce sentier pour le début de la saison hivernale 2004 », peut-on lire. Après s’être fait dire par la Municipali­té que le tracé passait au bon endroit, M. Rivest a dû avoir recours à un certificat de piquetage pour confirmer que ce n’était pas le cas.

L’actuel maire de Saint-Zénon, Richard Rondeau, reconnaît que des erreurs ont été commises à l’époque. « Oui, il y a eu manquement, dit-il. Les gens de la Municipali­té se sont fiés aux propriétai­res vendeurs qui disaient que la terre finissait là. » Il assure qu’un arpentage est désormais effectué lors de l’acquisitio­n d’un terrain.

Pas de clôture

La victoire de Réjean Rivest n’est toutefois pas totale, puisqu’il n’a pas réussi à obtenir la constructi­on d’une clôture aux frais de la Municipali­té pour séparer sa terre du sentier. Le tribunal a suggéré un partage de la facture estimée à 50 000 $, mais M. Rivest doute que l’administra­tion municipale accepte de payer. Même si le sentier ne passe plus chez lui, l’homme de 70 ans hésite toujours à s’aventurer en motoneige dans ce secteur de sa terre pour ne pas faire de traces, puisque, dit-il, « aussitôt qu’il y a un petit chemin, tout le monde est dedans ». Ce n’est pas la première fois que des procédures judiciaire­s opposent ainsi la Municipali­té à des citoyens. En 2008, la Cour d’appel avait statué que Saint-Zénon n’était pas autorisée à exproprier des terrains pour aménager le sentier municipal destiné aux véhicules récréatifs.

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Pour aménager son sentier municipal, Saint-Zénon a coupé 800 arbres (portion recouverte de neige sur la photo) sur la terre de Réjean Rivest.
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