Les producteurs autorisés se préparent
À l’aube du dépôt du projet de loi sur la légalisation de la substance promise par le gouvernement Trudeau au printemps prochain, l’industrie de la marijuana médicale est en effervescence au Canada.
Cet engouement général, le ministre québécois de l’Agriculture, Laurent Lessard, ne le partage pas. « S’il y a une production, ce sera une production [contrôlée par l’État] ou organisée et sous licence, a-t-il indiqué à la Terre. On ne se lancera pas dans une production agricole à grand déploiement comme on plante du maïs. » Selon une étude menée par la firme Deloitte en 2016, la production de marijuana pour le marché récréatif pourrait atteindre 600 000 kg par année. « C’est une importante augmentation par rapport à ce que le secteur de la marijuana à des fins médicales est actuellement en mesure de produire », a relevé l’étude.
L’abondance d’annonces des dernières semaines illustre à quel point les 38 producteurs autorisés par Santé Canada se préparent à la légalisation de la drogue.
Annonces rapides
L’arrivée en bourse du producteur québécois Hydropothecary (voir autre texte), la semaine dernière, illustre cette croissance. D’ailleurs, l’entreprise de Gatineau n’est pas la seule à avoir fait le saut sur les marchés financiers. L’ontarienne Canopy Growth est devenue la première entreprise uniquement dédiée à la marijuana à faire son entrée à la bourse principale de Toronto (S&P/TSX) il y a deux semaines.
De son côté, l’albertaine Aurora Cannabis, qui exploite une usine de 55 200 pi2, est en train de construire des infrastructures de 800 000 pi2 à l’aéroport international d’Edmonton. Aussi, Aurora Cannabis vient d’acheter Peloton Pharmaceutiques inc., dont les installations de production de cannabis de 40 000 pi2 sont établies à Pointe-Claire.
Cette compétition à venir sur la scène québécoise n’effraie pas le cofondateur d’Hydropothecary, Adam Miron. « Aurora Pointe-Claire est encore en phase d’application et n’a pas de licence de production ni de ventes à son actif », a-t-il mentionné. Le permis de production québécois de l’entreprise albertaine est néanmoins attendu pour l’été 2017.
Un projet de loi sous peu?
Rappelons qu’en avril 2016, le gouvernement Trudeau avait annoncé qu’il présenterait au Parlement un projet de loi qui prévoit la légalisation du cannabis au printemps 2017. Santé Canada ne se prononce pas sur le respect de cet échéancier. « On est encore en train d’étudier le rapport d’un groupe de travail déposé en décembre 2016. On ne peut pas s’avancer sur le futur », a expliqué le porte-parole du ministère de la Santé.
Bill Blair, secrétaire parlementaire de la ministre de la Justice et ancien chef de police de la Ville de Toronto, a entamé une tournée pancanadienne en février pour discuter avec la population de la légalisation et de la réglementation du cannabis. L’objectif : « mieux étayer le travail à venir du gouvernement », a indiqué le ministère de la Justice par voie de communiqué.
Au Québec, ce n’est pas à titre de ministre de l’Agriculture que Laurent Lessard s’inquiète, mais plutôt à titre de ministre des Transports. « Déjà qu’on décourage [les automobilistes] de boire au volant, s’il fallait qu’ils fument en plus, indique le ministre. Il n’y a pas de moyen de détection pour les sanctionner. Je ne trouve pas ça bon pour la conduite sécuritaire. »